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Par Léo Faure
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Publié le
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Voilà, c’est fini. Et pour tout dire, tout le monde y trouve son compte

Guy Novès, bien sûr, qui a trouvé aux prud’hommes de Toulouse ce qu’il était venu chercher : l’abrogation de la « faute grave » injustifiable et jamais justifiée par la FFR, qui s’en était pourtant servie pour rompre son CDD de sélectionneur. « Faute grave » : deux mots que l’ancien manager de Toulouse a honnis pendant quinze mois, y lisant une insulte à son honneur, son travail d’hier en bleu et son palmarès d’avant-hier, en rouge et noir. La faute grave s’est évaporée, la rupture du contrat est reconnue « abusive ». Et Novès, heureux et véritablement soulagé sur les marches de l’institution judiciaire, laissait exploser lundi un sourire apaisant qu’on lui avait oublié.

Alors, Novès gagnant ? Au gong de cette dernière reprise, les deux combattants ont levé les bras. En boxe, les plus grands combats se nourrissent de ces célébrations simultanées et antagonistes, une fois sonnée la fin des coups dans la tronche. En rugby, au jugement dernier de cette rivalité vieille de 20 ans, la FFR a, elle aussi, crié victoire.

Si les deux partis ont revendiqué le succès, c’est qu’ils chassaient en fait sur deux terrains différents. Sur le ring des prud’hommes, Novès s’attachait au fond du dossier et la reconnaissance de sa probité. La FFR, elle, posait un œil presque exclusivement sur la forme du jugement.

Sur ce point, elle trouve aussi de quoi se contenter. Mais le compte, cette fois, est bancaire. L’institution suprême versera bien 1 million d’euros à Novès. Pas exactement une peccadille. Mais les boss de la « Fédé » avaient pris chaud en plein hiver, quand ils avaient pris connaissance des presque 3 millions d’euros que leur réclamait leur sélectionneur démis. Sur des comptes annuels déjà grevés de plus de cinq millions de déficit, la note avait de quoi filer la sueur. L’addition est finalement divisée par trois, pour un montant final surtout constitué par le paiement des salaires qu’il restait au contrat. Un sérieux soulagement à la compta du CNR de Marcoussis.

Mais alors, une question : puisque les deux camps courraient des lièvres différents, n’auraient-ils pas pu s’arranger en amont, autour d’une table, pour trouver une porte de sortie digne à une rivalité devenue intenable ? Plutôt que de tenter le passage en force avec ce prétexte de « faute grave » qu’elle savait intenable, la FFR aurait eu tout bon en réglant immédiatement les années dues. Financièrement, l’opération aurait été blanche. Mais elle aurait évité à son sport quinze mois d’un combat indigne qui laissera des traces indélébiles à son image, sur un mandat déjà plombé par les échecs d’un XV de France que le licenciement de Novès n’a en rien enraillés.

L’histoire s’est écrite autrement, pouacre. Mais au moins, est-ce vraiment fini ? La haine des hommes restera, plus forte que jamais après quinze ans d’une rivalité locale et sportive, devenue nationale et politique au jour où Laporte prit la tête de la FFR et devint, de facto, le patron de Novès. Avec l’issue que l’on sait. Cette rancœur sera éternelle et réciproque. Elle n’a pas attendu lundi soir pour devenir de la rancune.

À peine prononcé le jugement que, déjà, tout le monde ne pensait qu’à 2020 et aux prochaines élections fédérales. Laporte y briguera sa propre succession quand Novès, dragué par l’opposition, réserve encore sa réponse. Entre les deux hommes, il n’y aura jamais de point final.

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