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Tournez manège

Par Léo Faure
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Publié le Mis à jour
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Il s’appelle Russ Petty. Il est journaliste, travaille outre-Manche pour le très sérieux magazine Rugby World et se décrit luimême comme un féru de statistiques de rugby. Il bosse habituellement sur l’arithmétique des trois nations britanniques et de l’Irlande.

Cette semaine, il a par exemple illustré les difficultés habituelles du XV du Trèfle face à la France, une formation qui ne lui réussit pas franchement : depuis 2014 et dans le Tournoi des 6 Nations, c’est face aux Bleus que les Irlandais compilent le moins d’essais, le moins de courses, de franchissements, de duels gagnés et de passes. En clair, qu’importent les dynamiques opposées des deux nations depuis bientôt une décennie, le XV de France rivalise plutôt correctement face à l’Irlande. C’est du concret, du chiffré. Et c’est plutôt réconfortant au moment où les Bleus s’envolent pour Dublin où ils joueront, dimanche, un match à bascule : soit la spirale des désillusions s’infléchit enfin et, d’un début de Tournoi cauchemardesque, les Bleus peuvent espérer s’en tirer avec un bilan finalement positif. Ce serait primordial, à quelques foulées du Mondial. Soit les Bleus craquent à nouveau, en Irlande, et se remettent immédiatement la tête sous l’eau, en apnée, suffoqués de doutes. Dans le deuxième cas, faudrait-il encore tout changer ? Ce serait un drame.

Car Russ Petty, cette semaine, s’est aussi penché sur le cas du XV de France. Ou plutôt, son instabilité chronique. Jugez plutôt : ailleurs, reconduire son XV de départ est monnaie courante. En France, ce qu’a fait Jacques Brunel cette semaine n’était plus arrivé depuis 2003 dans le Tournoi. Encore ? Depuis 2014, Irlandais et Français se sont croisés six fois en compétition officielle. Ce sera la septième, ce dimanche. À sept reprises dans ces confrontations directes, les Bleus ont modifié leur charnière.

Mieux, sur ce laps de temps, aucun joueur du duo « 9-10 » n’a connu plus de deux titularisations. Pendant ce temps, les Irlandais ont aligné la paire Murray-Sexton à sept reprises. Tout simplement. La stabilité, c’est ceci. Et les Français seraient inspirés d’en prendre bonne note. Face à l’Angleterre en début de Tournoi, Conor Murray est passé à côté de son match, souffrant de la comparaison dans sa confrontation directe avec Ben Youngs. Il est toujours là. En Italie, Sexton s’est mélangé dans ses choix et ses orientations de jeu, ratant son match et quittant finalement le terrain fou de colère. Qu’importe. Murray et Sexton sont encore là, associés au coup d’envoi pour la cinquante-et-unième fois sous le maillot du Trèfle. Sans parler des Lions britanniques.

Tout ça laisse rêveur. En France, la paire ParraLopez devait être installée. Promis, juré. Elle serait reconstituée en Bleu comme à Clermont, maintenue jusqu’au Mondial et c’est autour d’elle que les Français se construiraient. C’était la promesse de janvier. Sans lendemain… Deux matchs ratés et une phrase de trop ont vaporisé les Clermontois. C’est désormais au tour de Dupont-Ntamack. Deux talents immenses. Deux produits qui ne sont en rien finis, aussi. Ils ne le seront jamais s’ils ne jouent pas. Mais alors, joueront-ils encore demain ? Seront-ils encore là si l’escapade irlandaise se solde par un échec où, sous la pluie qui s’annonce, la science tactique de la paire Murray-Sexton surclasse la fougue des jeunes Toulousains ? La jurisprudence française dirait « aux suivants ». La sagesse dit pourtant tout l’inverse

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