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Sans pitié

Par Emmanuel Massicard
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Publié le Mis à jour
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Il fallait bien ce week-end complètement dingue, en Top 14, pour oublier le naufrage des Tricolores à Twickenham et poser un rayon de soleil sur le rugby français. Alors, ne boudons pas notre plaisir et savourons à leur juste mesure les cinq succès remportés à l’extérieur ce week-end, plus encore celui de l’Usap à Montpellier parce qu’il est le tout premier de leur saison. Et tout autant, la victoire éclatante du Stade toulousain au Racing 92.

Oui, vous avez bien compris le double message : d’abord, il n’y a plus de fatalité à subir l’arbitrage soi-disant dirigé, la désuétude du vestiaire visiteur ou la fameuse pression du public, ces fichus impondérables qui ont éternellement justifié les défaites en déplacement. Ensuite, le championnat français sait nous réserver quelques douces pépites avec des matchs joués sur l’air de l’attaque. Ils se multiplient ces temps-ci et viennent casser l’image qui collait à notre rugby : trop défensif, craintif, sans imagination, souvent lent et hyper musclé. Des années d’affrontements au cours desquelles nous avons certainement perdu le sens de cette discipline pour finir par nous contenter d’assister aux nouveaux jeux du cirque. Sans pitié.

Les temps changent et c’est tant mieux. Avec les idées claires, plus de jeunesse et des profils de joueurs différents, Toulouse, La Rochelle, Clermont, Lyon ou le Racing par exemple, font souffler un vent nouveau sur le Top 14 et le rugby français tout entier. Ils font même école et nous pourrions parier que ce retour aux sources, à l’essence même de ce jeu, devrait finir par redorer le blason de notre rugby. À cette heure, même si la prise de conscience semble devoir se propager jusqu’au XV de France, notre réalité n’en reste pas moins d’une froideur implacable : nous avons perdu un temps précieux depuis l’an dernier, avec la valse du staff de Guy Novès remplacé par celui de Jacques Brunel qui fut bricolé à la hâte avant le Tournoi 2018. Les hommes ont trinqué, joueurs et techniciens compris. Ils trinqueront encore, coupables faciles, si les résultats ne sont toujours pas à la hauteur face à l’Écosse, samedi prochain au Stade de France.

À ce rythme, le sélectionneur aura vite fait d’épuiser toutes ses ressources, contraint de rappeler les joueurs qu’il avait sacrifiés dès le premier match… À ce rythme, enfin, Bernard Laporte n’aura plus d’autres solutions que d’accélérer l’entrée en scène de Fabien Galthié pour épauler Brunel et poser les bases d’un jeu enfin adapté au plus haut niveau international.

On pourrait jurer qu’une bonne partie de l’avenir immédiat du XV de France se jouera ici, au long de cette semaine de tous les dangers, quand tous les projecteurs seront braqués sur Guirado, Brunel et leurs hommes. Avec Laporte en toile de fond, plus que jamais placé face à ses propres choix.

On verra vite si le pari de la jeunesse — qui se dessine pour coller à l’intensité du rugby de mouvement après lequel nous courrons tant — est finalement gagnant. Il faut y croire, comme l’on fait nombre des clubs du Top 14 qui nous ont ravis ce week-end. Il faut y croire, oui, et se dire que le retour de Dan Carter, 37 ans au compteur, est une cocasserie. Et la chance d’assister à un dernier tour de piste du maestro avant que la jeunesse l’emporte définitivement.

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