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La pelle et le colt

Par Léo Faure
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Publié le Mis à jour
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Clint Eastwood se faisait alors appeler Blondin. Il avait la poussière du grand Ouest incrustée sous la peau et le cigare cousu aux lèvres, un poncho couleur sable trempé de sueur et le colt usé par le travail. Le regard planqué sous les rebords de son Stetson, il jetait un œil au sol, là où l’attendait un trésor. Puis il toisait le dangereusement sympathique Tuco Benedicto Ramirez, dit "Tuco", un ami qui ne vous veut que du mal. Eastwood lui lançait alors, pour la postérité du cinéma : "Tu vois, le monde se divise en deux catégories : ceux qui ont un pistolet chargé et ceux qui creusent. Toi, tu creuses." Cette scène, c’était Le Bon, la Brute et le Truand, chef-d’œuvre du maître Sergio Leone, sorti en 1968 et qui, aujourd’hui encore, se regarde avec plus d’entrain que la dernière bouse des studios hollywoodiens.

On cause cinéma, quelques minutes. Ça fait bizarre, dans ce journal jaune. Mais ça ne fait pas de mal. Ça vide la tête et regonfle l’enthousiasme. On sort des choses du rugby français, et de cette semaine drôlement insane qu’il nous offre encore. Pas qu’on soit franchement décontenancés, non. Ce n’est pas la première fois qu’il nous gâte. Mais on ne peut s’empêcher de repenser à Blondin et Tuco, une tequila dans la gourde : il y a bien longtemps que la France n’a plus une fichue balle dans son flingue, pour impressionner qui que ce soit. En revanche elle creuse, franchement, inlassablement. Elle creuse, sans jamais y trouver de trésor.

On ne pourra pourtant pas lui reprocher de ne pas essayer. Le rugby français a ceci de prodigieux qu’il creuse un peu partout. Chez ses institutions, d’abord. La LNR joue l’hypocrisie des mœurs et tombe dans le piège d’un coup de com bien monté. Un problème majeur nommé "Jacquie et Michel" et qu’il fallait visiblement traiter prioritairement, en urgence. Dont acte.

La FFR, sur un sujet plus sérieux, continue de promettre le grand soir du rugby français. Sans toutefois en donner la date, ni la méthodologie. Mais pas d’affolo : vous allez voir ce que vous allez voir. Ça va défourailler. Parce que le problème de l’équipe de France est profond, il faut donc le traiter en profondeur et s’épargner les mesurettes, comme le limogeage d’un sélectionneur qui n’y est finalement pour rien. C’est Bernard Laporte qui le dit, ce jeudi. Guy Novès appréciera, au matin de son passage devant le conseil des prud’hommes.

Les joueurs, eux, se plaignent. Tenez-vous bien : ils se plaignent de ne pas assez travailler. Pas qu’ils aient franchement tort, remarquez. Mais la surprise est grande de les découvrir stakhanovistes du rugby quand, d’un point de vue étranger, les Français sont les joueurs qui bossent le moins, ceux qu’il faut sans cesse contrôler et encourager pour le travail soit fait.

Le staff des Bleus, enfin, est un peu déçu des coups du sort et relativement contrarié de ces petits détails qui les empêchent de performer. À soixante points le détail, donc. Quand tout le monde – joueurs compris – constate une à deux division d’écart avec l’Angleterre, le sélectionneur y trouve surtout une analyse stratégique. Avant de concéder "un coup d’arrêt important". Remarquez, la défaite face aux Fidji avait déjà été "un coup d’arrêt important". Il y a deux matchs, donc. Au moins, on n’avait pas franchement eu le temps de se lancer.

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