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« Je vais t’embêter une dernière fois »

Par midi olympique
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C’est l’histoire d’un des plus beaux coups de l’année sur le Stade toulousain.

Franchement, cela devait faire près de dix ans que le trois-quarts centre Florian Fritz n’avait pas accordé la moindre interview en face-à-face. Aucun dédain de sa part, mais simplement peu de goût pour l’exercice. Ces trois dernières saisons, on ne compte plus le nombre de fois où, à la sortie d’un entraînement à Ernest-Wallon, on avait réitéré la question : "Salut Flo, tu serais ok pour un entretien ? Un truc tranquille, posé." Toujours la même réponse, avec politesse et sourire à la clé : "Euh… Non, c’est pas contre toi. J’aime pas parler de moi, c’est tout. Fais-le plutôt avec d’autres qui adorent ça." L’international ayant annoncé, en cours de saison passée, l’arrêt de sa carrière au terme de l’exercice, sa fameuse interview (si elle devait exister) était forcément chassée, espérée et fantasmée. Ce qui est rare est cher dans notre métier, et Fritz a fini par nous faire l’honneur de nous accorder ses confessions dans l’édition du 28 mai. Deux pages lui étaient même dédiées pour l’événement. Ce privilège est souvent dû au rapport de proximité ou de confiance entretenu avec l’intéressé, à notre persévérance ou notre force de persuasion. Pas le genre de la maison Fritz. Alors il est aussi, et parfois, dû à un brin de chance. Ce fut le cas.

À peine deux heures après le barrage perdu par Toulouse contre Castres le 19 mai, alors que la conférence de presse est terminée depuis longtemps et que la plupart de nos confrères étaient déjà partis écrire leurs papiers, nous traînions entre les vestiaires stadistes et la bodega pour y vider une bière quand, au détour d’un couloir, Fritz s’est présenté et a tendu sa main : "Salut, ça va ?" Il venait de disputer l’ultime rencontre de sa carrière. Après avoir échangé une ou deux banalités, la même interrogation : "Je vais t’embêter une dernière fois avec ça, mais une interview ?" Et là : "Bon, écoute, de toute façon, il faut bien en faire une pour la fin. Il n’y en aura qu’une seule ! Allez, d’accord, on se fait ça dans la semaine tant que je suis chaud."

"personne n’est irremplaçable !"

Le hasard fait plutôt bien les choses, paraît-il, ou l’art d’être là au bon endroit au bon moment. Mais, même à cet instant, il était prudent de ne pas crier victoire trop tôt. Rendez-vous fut pris, quelques jours plus tard, pour le mercredi matin au stade. En amont, on lui propose de venir avec un photographe. Réponse : "C’est vraiment obligé". Ce sera sans photographe, Fritz préfère la plus grande discrétion possible, comme durant tout son parcours professionnel. L’entretien est prévu autour d’un café mais le restaurant du tennis du Stade toulousain n’est pas encore ouvert, la Brasserie du Stade non plus. Ce sera dans les tribunes, face au terrain qui l’a propulsé au rang de légende de ce club. 45 minutes d’enregistrement pour un titre à l’image du personnage : "J’aimais être oublié." Quelques minutes après la sortie du journal en numérique le dimanche soir, texto de Fritz : "Merci." Pour ce style de taiseux, c’est déjà beaucoup. On lui renvoie un "Merci à toi, tu vas manquer au rugby", auquel il rétorque par "Personne n’est irremplaçable ! Bonne continuation." Dont acte.

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