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Le mur du sens

Par Emmanuel Massicard
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ÉDITO - Serions-nous donc frappés d’amnésie pour tout oublier aussi vite ? à moins qu’il ne s’agisse d’une incroyable propension à la résilience, si forte qu’elle nous permettrait de vivre après l’échec fidjien comme si l’humiliation n’avait jamais existé ? à tel point que nous oublierons tout de cette énième défaite à valeur de leçon rugbystique réduisant à néant l’espoir d’un rebond tricolore d’ici au Mondial. Pour autant, nous n’échapperons pas à la réalité, enlisés que nous sommes dans l’échec et minés par la dégringolade d’un XV de France qui ne fait plus peur à personne.

La chute est si sévère qu’elle nous paraît mériter des états généraux. Il ne faudrait rien de moins, croyez-nous, pour réformer un système de sélection dépassé, une gestion des internationaux éculée et des rapports clubs-équipe nationale qui ne satisfont franchement personne.

Il ne faudrait rien de moins pour trouver les moyens de relancer sportivement l’équipe nationale, lui rendre son âme et la valeur qu’elle a hélas perdue aujourd’hui aux yeux de ses supporters. Voire des joueurs.

Il ne faudrait rien de moins et pourtant le rugby fait silence. Face au champ de ruines qui entoure le XV de France, personne ne s’est encore levé en dehors de quelques rares anciens Bleus sortis du rang pour tirer un énième signal d’alarme, à l’image de Christian Califano et Sylvain Marconnet dont le coup de gueule mérite d’être entendu.

Derrière eux ? Silence, on vous dit. Il n’y a rien eu en marge de la réunion des entraîneurs qui s’est tenue lundi à Marcoussis, réunissant les techniciens du Top 14 autour de Jacques Brunel. Comme s’ils étaient les seuls responsables… Comme s’ils étaient, tels des magiciens, les seuls capables de faire changer les choses.

On peut toujours rêver et attendre la prochaine génération avec l’avènement des Bleuets… En croisant quand même les doigts pour qu’ils ne soient pas blessés ou trop gâtés. Ne riez pas, le risque est patent si rien ne change : aussi douée rugbystiquement soit-elle, la relève n’est pas à l’abri d’être victime des mêmes maux qui frappent les Bleus de Guirado.

Elle sera même très vite rattrapée par un système qui mélange les genres, les objectifs et intérêts, avec notamment des contrats « club » cousus d’or par le statut d’international mais qui finissent par réduire le pouvoir d’attraction du maillot tricolore. Nous ne sommes plus à un paradoxe près mais si l’on veut retrouver une grande équipe de France, il faudra bien lui redonner du sens.

L’évidence est là, devant nous, mais rien ne bouge. Pire : parce qu’il est fragilisé, notre rugby se fige dans ses principes et se laisse emporter par son quotidien. Place au Top 14 et bientôt à la Coupe d’Europe qui seront encore une fois notre exutoire, des bulles d’oxygène qui nous berceront de douces illusions…

Allez, souriez, la page équipe de France est tournée jusqu’au prochain Tournoi des 6 Nations, début février. à ce moment-là, face aux Gallois et à huit matchs du Mondial, pas sûr que nous puissions franchir le mur qui se dresse devant nous. Toujours plus haut…

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