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Samuel Cherouk : "Des nanas extraordinaires"

Par midi olympique
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    Samuel Cherouk : "Des nanas extraordinaires"
Publié le Mis à jour
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Fier de son groupe, le sélectionneur mesure la portée de l’exploit accompli par son XV de France. Il salue aussi la boulimie de travail de ce groupe de filles qui restera à jamais le premier à avoir battu les Néo-Zélandaises, championnes du monde en titre.

Avec un peu de recul, avez-vous pris la mesure de l’exploit que votre équipe vient de réaliser ?

Oui, même si je ne vous cache pas que la nuit de recul a été courte et que nous avons tous quelques maux de tête aujourd’hui dimanche (rires). Le match perdu la semaine passée à Toulon nous a permis de prendre conscience que nous n’étions pas si loin de ces championnes du monde tant mythifiées. Nous avons matraqué, tout au long de la semaine de préparation, qu’il fallait se lâcher dans le jeu, que notre salut passerait par là. L’état d’esprit des filles a été irréprochable et nous étions intimement persuadés que l’exploit était là, tout près…

Sur quels leviers avez-vous travaillé pour bousculer ainsi les Black Ferns ?

Ne nous y trompons pas ! Ce succès prend surtout racine dans la qualité des entraînements et la volonté des filles. Sur la semaine de boulot précédant la rencontre, toutes les joueuses ou presque ont parcouru trente-cinq kilomètres de course. Depuis le début de cette tournée de novembre, elles en sont à environ cent vingt kilomètres. Elles ont bossé dur et ça a fini par payer. Car le travail permet de prendre conscience de ses forces, de ne pas douter, d’être sûr de son rugby. On se prouve tous les jours que nous sommes capables d’être au plus haut niveau, d’encaisser des charges lourdes et d’y répondre positivement.

En quoi la défaite à Toulon a-t-elle eu une importance primordiale dans le succès obtenu à Grenoble ?

L’analyse froide du bilan chiffré du match nous a donné les clés, les directions à suivre pour inverser la tendance. À titre d’exemple, nous avons vu qu’à Toulon, entre la 40e et la 62e minute, les Néo-Zélandaises ont eu onze possessions de balle, contre seulement trois pour nous. Le comble ? C’est que ces trois ballons ont été très mal utilisés puisque nous les leur rendons après seulement quarante-cinq secondes de possession en moyenne. À Grenoble, nous avons refusé de subir ainsi le rythme du match, en imposant de nombreuses séquences à plus de deux minutes de possession. Nous avons pris les Black Ferns à leur propre jeu. Samedi, c’est l’équipe de France qui a mis du rythme à la rencontre après avoir assuré de bonnes phases de conquête. Au final, et même si le score est serré, cela a fait la différence. Après, pour nous, le staff, le match de Toulon était aussi une première contre cette équipe championne du monde. À Grenoble, l’effet de surprise était passé, on savait où on allait. Nous étions davantage sereins.

« On ne joue pas des championnes du monde tous les jours et j’avais des lionnes en face de moi dans le vestiaire »

Quels sont les mots d’un entraîneur avant un tel match ?

J’ai demandé aux filles d’être humbles. Quand on joue pour son pays, pour son drapeau, on le fait aussi pour les autres. Je leur ai demandé de rendre fière la France qui aime le rugby féminin. Après, honnêtement, l’événement se suffit à lui-même… Nous ne jouons pas les championnes du monde en titre tous les jours et j’avais des lionnes en face de moi dans le vestiaire.

Avez-vous douté quand vous avez vu les Black Ferns revenir à trois points en fin de match ?

Très franchement, non ! Les filles ne doutaient pas, elles étaient parfaitement sereines. À la mi-temps, elles n’étaient pas fatiguées outre mesure, elles étaient concentrées et prêtes à repartir au combat. On sentait que nous étions près du but, ça se voyait dans les regards, dans les attitudes. Le groupe respirait la cohésion et la force collective. Nous n’avons pas laissé le doute s’instiller et voilà bien un des principaux axes de progression validé par l’équipe depuis quelques mois. On a enfin confiance en nous !

Cette victoire est aussi celle du staff…

J’ai beaucoup de fierté à entraîner ce groupe. Ce sont des nanas extraordinaires qui savent les efforts qu’elles ont consentis pour en arriver là, sans se prendre pour d’autres. Elles sont toujours dans le plaisir, elles n’oublient jamais que le rugby reste un jeu, même au niveau international. J’ai envie de les remercier pour leur investissement et pour ces grands moments de sport. Elles resteront à jamais les premières…

Maintenant que le plafond de verre est brisé, que ces championnes du monde néo-zélandaises sont enfin à terre, est-il permis de penser que cette équipe de France n’a plus de limite ?

Il va falloir continuer à travailler et être capables de reproduire ce genre de performances très régulièrement. Mais oui, on ne va pas se brider, c’est l’équipe de tous les possibles !

Quid de l’avenir, désormais ?

Nous avons fait un dernier « débrief » du match avec le groupe ce dimanche après-midi. Après quoi, les filles ont pu regagner leurs pénates en attendant le mois de janvier et notre prochain rassemblement visant à préparer le Tournoi 2019, où nous défendrons notre titre. Ensuite, il sera temps de se projeter sur la Nations Cup, qui aura lieu en juillet aux États-Unis. On y rencontrera les États-Uniennes, les Anglaises, les Canadiennes et les Néo-Zélandaises. Ce tournoi sera une sorte de grande répétition avant la Coupe du monde, où nous jouerons sur un format similaire avec des matchs tous les quatre jours.

Par David Bourniquel.

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