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La France en outsider

Par Vincent Bissonnet
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Publié le Mis à jour
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La Coupe d'Europe attaque ce week-end et l'heure est déjà aux pronostics pour la victoire finale. Dans cette bataille des championnats, les clubs français ne partent pas favoris.

Le Leinster face aux Saracens. L’affiche de la prochaine finale de Coupe d’Europe laisse peu de place au doute à en croire les pronostiqueurs des deux côtés de la Manche : la victoire finale des Irlandais est cotée de 2,75 à 3 contre 1 et les Anglais pointent entre 3,6 et 3,75. Les Français dans tout ça ? Seul Montpellier apparaît dans le quinté de tête des prétendants les plus crédibles, à 8 ou 9 contre 1, suivi de très près par Exeter, le Munster étant en embuscade.

Pour le reste ? Le Racing 92, pourtant finaliste de la dernière édition, est relégué au second plan ; les deux clubs nationaux les plus titrés, Toulon et Toulouse, apparaissent à 20 et 40 contre 1 ; enfin, Castres et Lyon possèdent moins de 1 % de chances de l’emporter pour les sites spécialisés. Dans les colonnes du Telegraph, Sir Ian Mc Geechan, ancien sélectionneur des Lions britanniques et irlandais et de l’écosse, partage cette vision d’un rapport de forces en faveur des Britanniques : « Les deux équipes que je m’attends à retrouver en finale sont le Leinster et les Saracens. » Et le chroniqueur de luxe d’étayer : « Tous les deux savent comment relever le défi proposé par les formations françaises et comment aller au bout de l’épreuve. » Le passé récent corrobore ses propos : sur les trois dernières éditions, les représentants du Top 14 ont dû se contenter du statut de finalistes malheureux, incapables de prendre l’ascendant sur les Saracens ou le Leinster. Les deux favoris possèdent un avantage psychologique, un vécu solide et un jeu sans faille.

Les Français peuvent-ils déjouer les pronostics et, dans le même temps, inverser la tendance ? Ian Mc Geechan ironise en analysant les chances de succès tricolore : « Ça résume tellement bien l’inconstance typique du rugby français que de voir la plus forte équipe de la saison en cours, Clermont, disputer la Challenge Cup. » Tout comme le Stade français, son dauphin, seule autre équipe à cinq victoires en championnat. à l’exception notable de Toulon, en crise d’identité et de résultat, les autres participants à la Champions Cup réalisent tout de même un début de saison relativement convaincant sur la scène nationale, oscillant entre la troisième et la septième place avec des bilans comptables positifs. Mais aucun n’affiche la santé et les certitudes des Saracens et d’Exeter, victorieux à six reprises en six journées, ou du Leinster, déjà intouchable en Ligue celte. Les Français sont perçus comme imprévisibles, à juste titre. « Avec le Racing, vous ne savez jamais ce que vous allez avoir », résume Ian Mc Geechan. Les Montpelliérains, handicapés par les blessures, irréguliers depuis la reprise, n’apportent pas non plus toutes les garanties même si « avec tous leurs talents, ils doivent être dans la bagarre. »

Deux minutes de temps de jeu à gagner

Quid du petit nouveau lyonnais, de l’habituel sparring-partner castrais et des revenants toulousains ? Positionnés dans des groupes très denses, ils figurent parmi les challengers. Leur effectif, moins homogène, risque de freiner leurs ardeurs, surtout si les deux premières journées ne se révèlent pas fructueuses. Toulon, enfin, demeure une inconnue. Sa poule relativement abordable autorise des espoirs de qualification mais le RCT nouvelle version part de très loin. Derrière les caractéristiques des uns et des autres, une question, plus globale, se pose à tous les candidats français : parviendront-ils sur la durée à s’adapter au rugby made in Europe ? Selon une récente étude de The Science of Sport, le temps de jeu effectif en Champions Cup atteignait 36’33’’ minutes, la saison passée ; les acteurs du Top 14, avec 34’33’’ minutes sur l’actuel exercice, doivent s’adapter à cette cadence supérieure quand le Pro 14 (36’78’’) et le Premiership (39’48’’) y sont mieux préparés. « C’est la caractéristique du rugby anglais sur ce début de saison, avec cette volonté de multiplier les phases de jeu, complète Ugo Mola, l’entraîneur du Stade toulousain. Si on les ramène au rang des statistiques, c’est « + 20 % » pour tout par rapport à nous. C’est-à-dire plus de passes, plus de temps de jeu effectif, plus de pied... »

Le constat chiffré ne constitue en aucun cas une fatalité. Le Racing 92, désireux d’aller vers un jeu plus alerte avec Finn Russell à la baguette, a déjà prouvé sa capacité à exister dans ce contexte et Montpellier possède des ressources considérables. Pour s’en tenir à nos meilleures chances. Les Français, présents les six dernières finales, se doivent de toute manière de surprendre pronostiqueurs et observateurs de tous poils, en proposant du jeu, en rivalisant de maîtrise, en s’adaptant à l’arbitrage... Il en va de la crédibilité de l’autoproclamé meilleur championnat du monde.

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