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Le grand redressement

Par Jérôme Prévot
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Publié le Mis à jour
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Bordeaux-Bègles - Dans le sillage d’un Serin étincelant, les Bordelais ont retrouvé verve et efficacité. Récit d’un redressement magistral.

Le rugby est un sport de réaction. Après une petite période de tangage, l’UBB s’est redressée, comme un cobra, à la face du Top 14. Et si l’on devait retenir une seule image de ce succès, ce serait cette pénalité jouée hyper rapidement par Baptiste Serin comme pour sonner la charge de la révolte. Pari réussi, le petit stratège de Parentis-en-Born créa le mini momentum en touchant trois fois le ballon en quatre ou cinq secondes : un passage au sol, puis deux passes pour Roumat et Cobilas lancés. « J’avais prévu de jouer comme ça la première pénalité quel que soit l’endroit où elle serait sur le terrain. Ça a donné de l’enthousiasme à tout le monde et en plus on marque. Si on avait raté, qui sait ? Peut-être qu’on m’aurait craché dessus… » plaisanta-t-il. Le match était lancé et la première mi-temps de feu, marquée par deux séquences de haut niveau, plus un renvoi « piqué » à la réception adverse : phase de jeu aussi méconnue que décisive.
 Mais samedi, Baptiste Serin n’a pas joué que les feux follets, il a aussi joué comme un vrai Napoléon, juste ce qu’il fallait pour déstabiliser Clermont. La façon dont il a guidé la séquence magistrale qui aboutit à l’essai d’Amosa nous fit penser à ce que fit Morgan Parra, ici même à Chaban-Delmas voici deux ans. Il nous avait alors impressionnés par sa capacité à changer le tempo du jeu de son équipe réduite à quatorze. Sur ce plan-là, Baptiste Serin l’a égalé quand Brock James fut prié d’aller passer dix minutes sur le bord du terrain. Il fallut négocier dix minutes avec un joueur de moins et en plus, une mêlée qui commençait à souffrir après l’entrée de Rabah Slimani : « Nous avons progressé en attaque par rapport au début du championnat, vous l’avez vu. Mais, il faut comprendre qu’on ne peut pas jouer tout le temps d’une manière hyperoffensive. Il faut savoir aussi jouer par le pied, car ça fait reposer les joueurs et ça nous évite, dans certaines situations de subir des turnovers et des contre-attaques. Et puis, si nous avions joué à fond toute la partie, nous aurions explosé. Il fallait faire autre chose, je pense à notre infériorité numérique bien sûr, (45e, N.D.L.R.) mais aussi à ce moment charnière où nous encaissons un essai à la 65e. Il ne fallait absolument pas faire n’importe quoi. »

Des bordelo-béglais transfigurés

Après la rencontre, les premières questions qui ont fusé parlaient essentiellement de la défense, car ce n’est pas ce savoir-faire-là que les Bordelais ont terminé la partie. Leurs plaquages carnassiers étaient encore dans toutes les mémoires. « Alors, vous ne me parlez pas de ce début de match. Nous avons fait du jeu, non ? » nous apostropha Rory Teague avec le sourire. L’homme traîne la réputation de prôner un jeu basé sur l’occupation et il trouve ça réducteur. Samedi, il a bénéficié de deux éléments majeurs pour voir son système triompher. Il n’a pas été trahi par sa touche, contrairement aux trois derniers matchs. Il n’a pas eu non plus à subir d’épidémie de fautes de main comme face à Agen et contre Montpellier.
Transfigurés par l’enjeu et sans doute par la dureté des critiques, ils ont passé leur virus aux Clermontois, étonnamment maladroits. Le rugby est un sport de réaction, on l’a bien vu, une fois encore. Et Jefferson Poirot, ironique, nous l’a rappelé : « On ne peut pas dire que cette victoire lance notre saison, mais on va travailler plus sereinement, c’est sûr. Les critiques vont continuer, sans doute. On vous connaît bien. Mais continuez, ça nous donne vraiment de la force, ça fait plaisir. »

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