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"Louis, c’était comme mon enfant"

Par Léo Faure
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    "Louis, c’était comme mon enfant"
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Christian Millette - Président du Stade aurillacois Rentré de vacances en urgence, le président historique des Cantaliens relevait doucement la tête. Il doit, désormais, gérer les lendemains douloureux d’un club meurtri.

Étiez-vous présent au match, vendredi soir face au Rodez ?

Non, j’étais en vacances. J’ai été alerté par Jacques Brugère (vice-président de la SAOS, N.D.L.R.) et Jean Beyssière (président de l’Association) qui étaient, eux, présents au match. Dans le quart d’heure, j’étais au courant. Puis j’ai été tenu au courant des évolutions de la situation pendant l’heure qui a suivi, durant les tentatives de réanimation.

Quelle a été votre réaction ?

J’étais sous ma douche quand j’ai vu un premier appel de Jacques Brugère. Puis un second appel en absence. Au troisième, à trois minutes d’intervalles, je me suis inquiété et je me suis dépêché de rappeler. Et là, on m’annonce que Louis a fait des arrêts cardiaques. J’étais K.-O., abasourdi. Ces gamins, ce sont comme mes enfants. Je n’avais plus de mot.

Connaissiez-vous bien Louis Fajfrowski ?

Louis, je l’ai fait venir et je l’ai eu en stage dans mon entreprise. C’était comme mon enfant. C’était un blagueur. Quand il est sorti du terrain, un de ses coéquipiers lui a demandé : "Tu te souviens où on est ?" "On est à Aurillac ! Mais je préférerais quand même être à la mer, chez moi, à Montpellier." Il se marrait, au bord du terrain. C’est bateau de dire cela d’un garçon disparu, mais il était tellement adorable… Louis, il était beau-gosse, intelligent, fin… Il avait tout pour lui !

N’avait-il jamais eu d’antécédents de santé graves ?

Pas du tout ! Il était gaulé, solide. Gainé. Tout sauf un petit gabarit. D’habitude, c’est plutôt lui qui mettait les tampons.

Il a été question de deux premiers arrêts cardiaques, puis d’une troisième réanimation impossible…

Oui, c’est vrai. Il est sorti par lui-même du terrain. Il avait pris un choc au niveau du sternum et de l’estomac. Un plaquage sévère, en clair, mais qui n’a rien d’exceptionnel. Toutefois, ça enlève déjà les craintes de coups à la tête. Je lis déjà beaucoup de commentaires sur des histoires de commotions, émis par des gens qui ne connaissent pas les faits. Ça m’agace. Là, c’est un geste correct de rugby, un sport qui comporte des risques. Cette fois, ça a amené un accident catastrophique et malheureux. Nous en sommes les premiers affectés. Mais il faut faire attention aux amalgames hâtifs. Attendons plutôt les conclusions médicales et ce que dira l’autopsie.

Que disent les premières constatations ?

Les médecins du club étaient présents. Le docteur Caumont, patron des urgences, était également présent durant les réanimations. Pour eux, le décès est un arrêt cardiaque sans lien avec une commotion. La raison de cet arrêt cardiaque ? C’est ce qu’il faut désormais déterminer.

Quels étaient les symptômes ?

Quand le médecin l’a conduit au vestiaire, il a fait une rechute, puis un premier arrêt cardiaque. Puis un deuxième. Il est revenu à lui et, presque immédiatement, il s’est plaint de forts maux de ventre. Il a alors vomi. Le Samu et les pompiers étaient sur place et il a rechuté une troisième fois. Cette fois, ils n’ont pas pu le réanimer.

Qu’est-ce qui vous occupe, en priorité, depuis votre retour à Aurillac ?

J’ai d’abord vu ses parents et sa famille, qui sont arrivés dans la nuit à Aurillac. Ils n’ont même pas pu voir le corps, placé sous scellés en attendant l’autopsie. Ensuite, je suis passé immédiatement à l’hôpital, où une cellule psychologique a été ouverte. Il y avait surtout les jeunes, ceux de sa génération, ses copains. Je vais désormais prendre le temps de voir le groupe professionnel et les entraîneurs, dans le week-end (entretien réalisé samedi). J’ai besoin d’avoir leur ressenti avant de prendre toute forme de décision.

Par Léo FAURE

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