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Les prêts, mode de l'intersaison

Par Jérémy Fadat
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Publié le Mis à jour
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Presque trois fois plus de prêts de joueurs appartenant à des clubs de Top 14 sont à rencenser cette saison par rapport à l'exercice précédent. Plusieurs facteurs justifient cette tendance et certains voudraient même aller encore plus loin.

C’est une tendance du marché des transferts : les prêts de joueurs sont en pleine expansion. à l’intersaison 2017, selon les chiffres de Allrugby.com, ils étaient au nombre de neuf pour les clubs de Top 14. Cette année, ils auraient, selon notre recensement et donc de manière non exhaustive, considérablement augmenté puisque les écuries de l’élite auraient prêté au moins vingt-cinq éléments (voir liste ci-contre) à un concurrent ou, dans la grande majorité des cas, à une formation de Pro D2. Croissance qui se justifie par plusieurs paramètres. D’abord, par une progression plus efficace des joueurs qu’en Espoirs. Des faits récents renforcent cette idée, dont le plus marquant : l’avènement de l’arrière Thomas Ramos, élu meilleur joueur de Pro D2 à l’issue de son prêt à Colomiers en 2016-2017 avant de s’imposer au Stade toulousain à son retour. Comme Louis Dupichot, revenu de Pau au Racing 92.

Ensuite, il est évident que les intéressés trouvent plus d’opportunités de se mettre en valeur dans des effectifs où la concurrence est moindre. Simon Gillham, président de Brive relégué en Pro D2 et qui débutera la saison avec quatre joueurs prêtés (trois par le Racing 92, un par l’UBB) le clame : "Notre recrutement a été aidé par les bonnes relations que nous entretenons avec ces deux clubs. Et le dernier joueur que le Racing nous avait prêté (Gaëtan Germain en 2013-2014, N.D.L.R.) est resté cinq ans chez nous. Ces clubs nous prêtent des joueurs car ils savent qu’ils auront du temps de jeu dans notre équipe et pourront s’améliorer. De notre côté, c’est un bénéfice dans le sens où si un garçon est repéré par le Racing et qu’il y signe, c’est qu’il a de fortes chances d’être un bon joueur de rugby." Avant de conclure dans un sourire : "Laurent Travers a gardé de solides attaches en Corrèze. Tant mieux pour nous." C’est dit sur le ton de l’ironie mais ces pratiques sont fréquemment la conséquence d’affinités entre clubs ou dirigeants.

Une réponse au calendrier pour certains

Ainsi, si Toulouse a envoyé deux de ses promesses à Bayonne et une à Colomiers, c’est aussi car la direction entretient des rapports étroits avec ses décideurs ou entraîneurs. Le président stadiste Didier Lacroix s’explique : "Nous avions par exemple Maxime Marty (prêté à l’Aviron, N.D.L.R.), champion du monde moins de 20 ans, qui évolue au même poste que Lucas Tauzin et Matthis Lebel, aussi champions du monde. Plutôt qu’il n’ait pas du tout de temps de jeu, nous nous sommes posés la question sur la manière dont il pourrait s’affirmer." La réponse fut pour lui évidente : "Je suis un grand défenseur des prêts. Le championnat de Pro D2 est très intéressant et de plus en plus performant. Il n’y a aucune raison que les jeunes ne puissent pas s’y aguerrir. D’ailleurs, certains, comme La Rochelle, ont beaucoup recruté en Pro D2 et ont fait monter leurs joueurs sur la plus haute marche."

Au-delà, les avenirs sportifs de plus en plus incertains incitent à se rabattre sur cette nouvelle mode. En effet, avec l’instauration des barrages, l’acte de relégation ou de promotion est de plus en plus tardif pour les clubs de haut de tableau de Pro D2 ou de bas de tableau de Top 14. Le prêt devient donc une solution idoine pour s’adapter. Jeremy Davidson, nommé manager de Brive fin avril, l’assure : "En réalisant le recrutement au mois de mai, les opportunités du marché rendent plus facile la possibilité d’avoir de la qualité en passant par les prêts pour des jeunes joueurs, plutôt que de chercher des garçons expérimentés déjà pris par d’autres clubs."

Vers une évolution des règlements ?

Parfois, les relations de confiance entre clubs permettent aussi aux différents concernés d’engager des discussions plus approfondies sur la gestion des joueurs prêtés. Jérôme Cazalbou, nommé manager du haut niveau cet été à Toulouse, ne cache pas sa volonté de faire des éléments sous contrat avec le club les premiers choix en tant que joker en cas de coup dur sur les postes en question. Des échanges ont donc eu lieu avec Bayonne et Colomiers pour favoriser un éventuel rapatriement si le besoin s’en faisait sentir.

Mais c’est une réflexion globale qui devrait être menée du côté de la Ligue dans les mois à venir sur ce sujet. Plusieurs dirigeants seraient ainsi favorables à ce que la pratique soit systématisée pour trouver un bon compromis et ne plus hésiter à l’heure de laisser partir un joueur en prêt. Didier Lacroix fait partie de ceux qui défendent une telle réforme et le confiait récemment : "Dans le concert de mes pairs à la LNR, je voudrais même qu’on aille plus loin, et je pousse l’idée que les joueurs prêtés puissent, pour faire face aux aléas du calendrier international, être cédés à une équipe durant une année mais récupérés durant les périodes de doublons. Certes, ce serait plus complexe à gérer pour nos amis de Pro D2 qui auront accueilli ce joueur mais ils seraient soumis aux mêmes contraintes qu’un club de Top 14, lequel se voit amputé de ses internationaux pendant quelques matchs. Cela permettrait aussi à ces jeunes joueurs de revenir en cas de besoin et aux écuries de Top 14 de mettre un peu moins de précaution au moment de constituer leur effectif. On sait qu’on va avoir ces doublons à appréhender et, par exemple, avec un Médard et un Huget sur la liste XV de France, on pourrait avoir tendance à moins prêter au poste d’ailier en vue de leurs absences." Le débat est lancé et des discussions auront donc lieu prochainement.

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