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Nouveau Paris

Par Emmanuel Massicard
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Publié le Mis à jour
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Nous retrouvons Pieter De Villiers comme nous l’avions quitté il y a quelques années : avec ce large sourire qui précède toujours les mots distillés d’une voix posée, douce et discrète.

Le pilier devenu entraîneur n’a pas changé et il n’est clairement pas anodin de voir que son retour à Paris, source de sa réussite, se fait au moment même où le Stade français retrouve une farouche ambition.

Disons-le, c’est une bonne nouvelle pour les Soldats roses et leurs supporters qui entrevoient enfin le bout du tunnel après des années de galère. Et c’est également une bonne nouvelle pour le rugby français qui peut se réjouir de voir un de ses bastions historiques déterminé à jouer les premiers rôles. Voilà enfin la promesse de chauds derbies avec le Racing et d’affiches musclées avec les cadors du Top 14. On ne connaît pas meilleure recette pour remplir un stade comme Jean-Bouin.
De Guazzini à Wild, Paris n’a clairement rien perdu de son caractère subversif et il casse toujours les codes du monde qui l’entoure. Hier avec les maillots roses, la gratuité dans les stades, les délocalisations et les pom-pom girls. Au temps présent, avec le rachat des contrats de Maestri et Fickou, délogés à très grands frais et transformés - malgré eux - en têtes d’affiche du rugby business.

Et c’est ici le revers de la médaille. Le marché déjà le plus libéral repousse encore ses limites quand, à l’autre bout du monde, Steve Tew (patron de la Fédération néo-zélandaise) nous engageait au contraire à la régulation… D’autres clubs ne vont pas manquer d’emboîter le pas aux Parisiens en rachetant à leur tour les contrats des joueurs qu’ils auront ciblés. Les vendeurs y trouveront de nouvelles recettes et le moyen de faire valoriser leur formation. Les joueurs, eux, y gagneront en salaire ce qu’ils perdront en confort et en stabilité dans leur carrière sportive.
Le rugby français, lui, franchit une marche de plus vers un monde toujours plus individualiste, faisant fi de ce qui nous semblait être nos valeurs les plus profondes : le sentiment d’appartenance, la force de l’engagement collectif et l’adhésion sans faille à un projet.

L’ambition du grand Paris cher au cœur du docteur Wild porte dès à présent un coût difficile à ignorer : neuf joueurs ont été remerciés cet été, un staff étranger a remplacé le tandem Dupuy-Azam et l’horizon se bouche pour les joueurs français. Pieter De Villiers peut affirmer que le Stade français, Heineke Meyer et lui-même aideront le XV de France, Jules Plisson sera placé en concurrence directe avec deux ouvreurs internationaux étrangers (Steyn qui est resté et Sanchez qui a été recruté). Son rêve Bleu n’a certainement jamais été aussi fragile.

Ce n’est que le début. L’an prochain, après le Mondial japonais, quand nombre deSudistes seront sur le marché,on peut imaginer la teneur du recrutement parisien avec ce que lui autorise le carnet de chèque de son nouveau patron.Oui, c’est un nouveau Paris.

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