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L’or bleu

Par Emmanuel Massicard
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Publié le
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Champions du monde ! Voilà le plus prestigieux des titres que les Bleuets ne manqueront pas d’inscrire sur leur cv, un véritable atout maître pour nos jeunes « Jiff » qui ne manqueront pas, soyez-en sûrs, de (re) négocier de juteux contrats sans avoir à prouver toute l’entendue de leur talent.

L’époque s’y prête bien évidemment. Il n’y a d’ailleurs qu’à juger l’élan de sympathie qui porte nos Bleuets depuis quinze jours pour comprendre que, dans un rugby français en panne de résultats, les simples promesses accrochées au titre de champion du monde valent de l’or. 

Le scénario est d’ailleurs connu et l’histoire pourrait même se répéter si l’on ne prête pas attention. Souvenez-vous en effet du Mondial 2011, l’événement qui reste à ce jour encore l’une des plus grandes désillusions du rugby français. Trop heureuses de se laisser bercer par le statut de finaliste des sales gosses de Lièvremont, certaines de nos têtes pensantes avaient alors laissé couler le navire amiral. Dans leur sillage, nous avons tous déchanté et nous en payons toujours les pots cassés. 

La chute fut assez violente pour que, répétons-le, nous apprécions l’embellie du jour et ce label Bleuet qui replace la France sur l’échiquier international. L’enthousiasme nous rattrape enfin, alors ne boudons pas notre plaisir. Surtout quand les grands Bleus, eux, restent enlisés dans l’échec à l’autre bout du monde, en Nouvelle-Zélande. Courageux mais battus. Toujours et encore. Avec la défense pour nous laisser à croire qu’un revers de treize points concédé à 14 contre 15 est une petite victoire… Saluons le courage et la révolte, mais ce n’est clairement pas avec si peu d’intentions et d’imagination offensive que le XV de France redeviendra compétitif. 

Vous l’avez compris, nous avons toutes les meilleures raisons de l’univers pour nous accrocher aux gamins de Piqueronies et Darricarrère comme à une bouée de sauvetage. Mais ne soyons pas dupes, non plus : un titre de champion du monde n’est en rien un gage de réussite pour l’avenir à l’échelon supérieur. D’autres, avant ces généreux Bleuets, se sont cassé les dents sur une telle gloire précoce. Autant d’espoirs déçus. Parfois déchus. 

Et c’est bien parce que leur route semble tracée jusqu’au Mondial 2023, qu’il nous faut ici prendre la toute la mesure des dangers qui guetteront nos chers Bleuets s’ils sont trop vite portés aux nues, objets devenus sacrés par la force de leur statut Jiff et, une fois encore, par l’espoir qu’ils incarnent. Alors, surtout, ne les brûlons pas. Permettons-leur de grandir tranquillement, sans pression particulière et en évitant la surexposition même si, certains d’entre eux n’échapperont pas à une forme de starisation s’ils poursuivent sur leur lancée. On pense à Ntamack, évidemment. Et à Woki ou Joseph qui ont tout des très grands et qui pourraient servir d’ambassadeurs à un rugby français toujours en quête de successeurs à Chabal et Michalak, ses seules véritables icônes des temps modernes reconnues hors des frontières d’ovalie. 

Plus que tout et malgré les juteux contrats que l’on ne manquera pas de leur faire miroiter, ces jeunes devront trouver des clubs qui leur permettront de jouer régulièrement au plus haut niveau au lieu de faire banquette dans l’ombre des gloires étrangères qui risquent encore de leur boucher l’horizon malgré la réglementation toujours plus drastique des « Jiff »… 

Ne nous leurrons pas : tous ne parviendront pas à combiner l’argent avec le temps de jeu, et certains auront des choix parfois cornéliens à faire. Là encore, il sera de la responsabilité de nos dirigeants de ne pas les abandonner en rase campagne. Parce que ces gamins méritent toute notre attention. Et parce que 2023, c’est déjà demain !

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