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Un coloc d'enfer

Par Vincent Bissonnet
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Publié le Mis à jour
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Le Haut-Savoyard a été le facteur X des lyonnais, en l’absence de son ami et colocataire Baptiste Couilloud. Le résultat d’une ascension pas comme les autres.

Attention, un grand talent peut en cacher un autre. En l’absence de l’électrique Baptiste Couilloud, l’étincelle lyonnaise est venue de Dylan Cretin, de deux mois son aîné. Son ami et son colocataire, surtout. Quatre minutes après son entrée sur la pelouse de Mayol, à la 69e minute, le troisième ligne a profité d’un leurre pour s’infiltrer dans la défense toulonnaise, déployer ses grandes jambes et s’en aller aplatir l’essai de l’espoir pour les siens. Les visiteurs étaient alors revenus à égalité, score de parité maintenu jusqu’au coup de sifflet final. Cette deuxième réalisation, décisive à l’heure du décompte, a marqué un des tournants de la rencontre, incontestablement, et une de ses rares inspirations. « C’est quand même une belle histoire et un sacré clin d’œil, sourit Philippe Buffevant, directeur sportif de l’association du Lou, témoin privilégié de l’ascension du gamin d’Annemasse. Baptiste n’est pas là et c’est Dylan qui se met en valeur. Il faut savoir que lorsqu’il est arrivé, Baptiste a été sa famille d’accueil sur place. Depuis, ils sont devenus amis. Quand on connaît leur relation, c’est fort. L’histoire de Dylan, aussi, est singulière. » Le déroutant parcours du troisième ligne n’en finit plus de déboussoler son monde. Depuis le tout premier jour : « Il a intégré le Lou il y a six ans, en cadets deuxième année. J’ai le souvenir de cette grande ficelle qui débarque. On se demandait : est-ce qu’il va être bon ? Il était évident qu’il avait quelque chose mais il était impossible de savoir jusqu’où il pouvait aller. Il était venu faire deux tests avant que nous disions oui. C’était un pari de la part du club. » Lentement mais sûrement, il s’est révélé payant : « Ce n’était pas le premier de la classe à l’époque, se souvient Philippe Buffevant. Dylan est un gros travailleur. Dès très jeune, il avait cette rigueur et cette détermination en lui. À mes yeux, ce sont les premières qualités propres à un joueur de haut niveau. »

Six « jambon beurre » par jour

À force de labeur, la grande ficelle devient progressivement un espoir crédible : « Il était à 70-75 kilos à son arrivée. Il est à 105 désormais. Il y a eu un gros travail de musculation d’effectué. Ce qui est bien, c’est qu’il a été mené intelligemment, sans accélération soudaine. Dylan est tellement méticuleux. Je me souviens de son premier rendez-vous avec la diet. Elle lui avait demandé de manger six « jambon beurre » par jour pour prendre de la masse. Il s’y était astreint. » Dans le sillage de Baptiste Couilloud, Dylan Cretin s’affirme comme le deuxième grand espoir du club, estampillé génération 1997. Dès ses 19 ans, il frappe à la porte de l’équipe première. Pierre Mignoni décide de le baptiser dans un endroit pas comme les autres : Mayol, un soir de février 2017. Seize mois et dix-huit rencontres de Top 14 plus tard, Dylan Cretin est revenu dans le Var encore plus fort, encore plus confiant en ses moyens. À ses 91,3% de réussite au plaquage, le Haut-Savoyard a ajouté un apport offensif précieux cette année. La chevauchée fantastique, conclue par son quatrième essai dans l’élite, marquera pour toujours son premier fait d’armes au plus haut niveau : « C’est improbable. Je l’avais déjà vu faire ça en jeunes mais le réaliser à ce moment-là… Ce n’est pas le joueur qui porte le plus le ballon mais il a appris à prendre des initiatives. Les conseils de Pierre et Karim Ghezal lui ont permis de franchir encore un palier. »

Le colocataire du demi de mêlée international, quelque peu plongé dans l’ombre de son partenaire jusqu’à présent, mérite définitivement d’être considéré comme un grand espoir à part entière. Chacun sa route, chacun son chemin : « Ce sont deux trajectoires différentes. Baptiste est en haut de l’affiche depuis toujours de par son talent. Dylan ne fait pas partie des joueurs exceptionnels du fait de ses qualités naturelles mais il le devient par son abnégation, son travail. » Baptiste Couilloud et Dylan Cretin, complémentaires comme un petit couple, en somme.

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