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Musique maestro

Par Emmanuel Massicard
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Publié le Mis à jour
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Reconnaissons un mérite au président de la Fédération, Bernard Laporte : celui de s’être ouvert directement aux clubs en allant chaque semaine à leur contact, sur le terrain.

Reconnaissons un mérite au président de la Fédération, Bernard Laporte : celui de s’être ouvert directement aux clubs en allant chaque semaine à leur contact, sur le terrain. L’entraîneur est toujours entraînant. Pour être parfaitement honnête, avouons qu’il ne fait ici qu’emprunter les patins de Pierre Camou. Lors de son premier mandat, le Basque avait en effet battu la campagne comme personne pour nouer des liens directs avec les acteurs du rugby français. Cela n’a duré qu’un temps. Et Laporte a eu le mérite de saisir le champ libre. Depuis, il l’occupe avec application. Et regrette de ne pas faire école dans son propre entourage.

Au risque de ringardiser la marionnette des Guignols qui fit davantage pour sa gloire personnelle que ses bilans cumulés de sélectionneur et de secrétaire d’Etat, Laporte confirme en fait les qualités que nous lui connaissons, et dessine en creux ses éternels défauts : il est un homme d’action et de réaction, plus chef de vestiaire que patron gestionnaire.

Vous trouverez certainement dans ce raccourci l’expression des principaux maux de la FFR. 

L’institution tangue autour de ses têtes pensantes et se recroqueville sur elle-même : pétrifiée par les affaires, minée par les départs des directeurs et cadres historiques qui n’ont pas été remplacés. Si l’on osait un conseil à « Bernie » ce serait de concrétiser enfin le recrutement de « cerveaux » pour colmater les brèches, avec ce qu’il faut de compétences pour assurer la mise en œuvre de ses ambitions politiques. Sans quoi, il restera l’homme d’une ouverture qui ne s’est jamais concrétisée… 

Ce serait son échec et celui, probablement, de l’ensemble d’un rugby français qui peine à sortir de ses carcans, balloté par son histoire, surtout trop corseté et peureux pour céder à l’innovation. Nous n’avons pourtant besoin que de ça si l’on veut relancer la machine tricolore d’ici au Mondial 2023, avant de voir plus loin et plus grand encore. 

Oui, il faut oser la remise en question. Pour Laporte, qui jouera sa réélection dans l’ouverture et l’action. Pour la fédé et le rugby tout entier. Il est urgent de s’ouvrir aux autres et à la modernité, d’avoir des idées et de perpétuer la richesse de notre sport qui a toujours été en mouvement, porté des courants de pensées qui émergeaient sans cesse du terrain. 

Parce qu’il faut revoir tant de choses, dont la formation, ses objectifs et son fonctionnement ; les postes, pour faire bouger les joueurs selon leurs véritables qualités (qui proposera à Mathieu Bastareaud de s’essayer en 3e ligne ?) ; notre approche de la compétition, en mesurant les dangers de ces sinistres huis clos de semaine qui confinent les acteurs dans des mondes parallèles ; le jeu, pour protéger les hommes et chasser l’inquiétante menace des commotions cérébrales ; le sens qu’il convient de donner à l’éducation rugbystique, en redéfinissant les missions de ces centres de formation qui en n’ont plus que le nom ; les canaux de transmission d’une culture qui ne se partage plus, et laisse certains joueurs dériver en eaux troubles ; revoir l’expression du pouvoir pour sortir enfin de la guerre des clans, arrêter la diabolisation systématique de ceux qui portent des visions différentes et savoir leur tendre la main...

Les chantiers sont innombrables, auxquels il convient d’ajouter la promesse présidentielle de limiter drastiquement le nombre de joueurs étrangers dans les clubs, pour protéger l’équipe de France. Sans quoi ses visites sur le terrain, ballon en mains et survêtement sur le dos, ne voudraient rien dire. Et s’il ne peut pas tout porter, Laporte devra donner le ton ! Alors musique, maestro… 

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