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À leur corps défendant

Par Emmanuel Massicard
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Publié le Mis à jour
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Un an tout juste après le début de son mandat, Bernard Laporte a donc mené sa révolution en tranchant la tête de Guy Novès, Yannick Bru et Jeff Dubois pour ouvrir un nouveau chapitre de son histoire personnelle avec Jacques Brunel et les Bleus. À deux ans du Mondial japonais, sur les ruines d’une sélection qui n’en finit plus de décevoir, cette manœuvre est sacrément osée, pour ne pas dire risquée. Elle nous paraît surtout bien trop réductrice face aux maux du rugby français.

En fait, tout se passe comme si la France de ce jeu s’était bercée d’immenses illusions dès l’apparition du professionnalisme : portée par la puissance de ses finances et bien trop embourgeoisée pour se remettre en questions quand, partout ailleurs, le monde était en mouvement. Ce week-end, les mièvres résultats de nos clubs sur la scène européenne sont hélas le reflet de toutes nos différences. Et de nos manques parfois les plus criants.

Pourtant, tout en haut de l’affiche les coupables ont été faciles à trouver : Novès et ses adjoints, sacrifiés comme le fut Saint-André. Désignés responsables. Cibles idéales pour un rugby français qui refuse de se regarder dans la glace.

À ce petit jeu, vous verrez, les joueurs seront les prochains à trinquer, victimes d’un système éculé. Il y aura d’abord les sales gosses de Lièvremont qui, depuis 2011 et à leur corps défendant, nous ont laissé croire que notre rugby, tel qu’il était pensé et même organisé, permettait de rivaliser avec les meilleurs. Vaste chimère même si la France aurait dû être sacrée championne du monde cette année-là !

Un temps annoncée, la grande lessive a peu de chances de se concrétiser à l’aube du Tournoi 2018. Condamné à l’exploit, Brunel a en effet besoin d’une poignée de certitudes avant de se frotter aux Irlandais. Comme Novès, il n’est pas épargné par les blessures et sera contraint de composer avec les moyens du bord. Pourtant, n’étaient-ce Parra ou Picamoles, le XV de France devrait quand même tourner la page avec la génération des sales gosses. Contraint et forcé.

À l’image du foot qui a longtemps traîné comme des boulets ses mutins de Knysna (les Bleus avaient fait grève lors du Mondial 2010 pour réintégrer l’un des leurs, Nicolas Anelka) pour ce qui reste l’une des plus graves crises du sport hexagonal, le rugby français ne pourra pas s’épargner une profonde introspection s’il entend se relancer et tirer les leçons de ses récents échecs.

Autour du nouveau projet tricolore, il est ainsi plus urgent que jamais de se pencher sur la place que doit occuper la sélection, les missions et devoirs des internationaux, la formation des joueurs. Sans oublier notre capacité à retrouver le goût d’un rugby de mouvement, d’inspiration et de vitesse quand tant de choses enferment les joueurs dans ces sourds combats qui sonnent le glas de nos illusions et multiplient de manière inquiétante les cas de commotions cérébrales.

L’heure est à la prise de conscience générale. Sans quoi Brunel pourrait bien connaître la même sortie que Novès. Sans quoi les Jalibert, Lambey et autres Priso deviendront des espoirs déchus… Sans quoi, disons-le franchement, l’horizon restera bouché pendant de longues années.

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