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Grégory Marquet : « Travailler en intégrant le ballon »

Par Simon Valzer
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    Grégory Marquet : « Travailler en intégrant le ballon »
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Grégory Marquet, préparateur physique du Castres Olympique et responsable de l’aspect énergétique de la préparation physique, nous dévoile les principes du travail de présaison des Tarnais. 

Où en êtes-vous de la préparation physique ?

Nous en sommes à la troisième semaine de préparation physique. La première semaine a été assez progressive dans laquelle nous avons rapidement mêlé des jeux sur le thème du rugby pour travailler le physique à des formes de combat, de type judo, lutte… Nous voulions travailler le cardio tout en commençant à aborder le jeu au sol, afin d’emmener les joueurs dans des intensités cardiaques élevées, mais de façon progressive au fil de la semaine. La deuxième semaine a été dans la même veine, mais nous avons encore augmenté le volume de travail avec des séquences plus longues, plus intenses et plus typées rugby. La semaine s’est terminée en « apothéose » avec une grosse séance vendredi et une manche des Olympiades samedi réalisée en collaboration avec le 8e régiment de parachutistes de Castres.

 

Qu’ont fait les joueurs avec les militaires ?

Tout un tas de choses ! Ils ont poussé des camions de 11 tonnes pendant quinze minutes, fait des parcours du combattant en transportant des hommes en civière, un travail de pas de course dans la caserne, un travail de tir… C’était très intéressant et dur physiquement. Les joueurs couperont la semaine prochaine, ensuite nous partirons en stage à Saint-Lary à partir du 24 juillet, et il nous restera quatre semaines avant la reprise.

 

Qu’avez-vous changé par rapport à l’année dernière ?

Chaque membre du staff a conservé ses prérogatives, ainsi que le mode de communication avec le staff. En revanche, nous avons fait évoluer les principes de travail que nous avions mis en place de façon progressive l’année dernière car nous ne connaissions pas le groupe. Cette année, c’est l’inverse : comme nous ne comptons que peu de recrues, nous avons pu rapidement développer des qualités spécifiques comme la vitesse, les appuis, la fréquence avec certains joueurs. L’idée était aussi d’entrer le plus rapidement possible dans le travail énergétique par des jeux avec ballon. Les joueurs ont bien répondu. Vendredi dernier, ils ont certainement fait la meilleure séance depuis le début de la saison.

 

Vous avez donc fait le choix d’intégrer une dimension ludique dans la préparation physique ?

Tout à fait. Notre système vise à travailler le physique en intégrant le ballon pour la dimension ludique mais aussi des prises de décision pour la stimulation intellectuelle et la dimension cognitive. Après, on peut aussi sortir quelques joueurs de ce schéma pour les faire travailler au bord du terrain, sur des exercices plus spécifiques, par poste, par ligne ou en fonction des besoins. On ne veut pas faire des séances de trois heures, mais des séances suffisamment intenses pour faire réagir le corps.

 

Dans quel état de forme sont revenus les joueurs ?

Plutôt bien, je dirais même que nous avons été agréablement surpris. Il y a toujours des cas particuliers, mais l’ensemble du groupe s’est tenu à faire les minima. Après, il est difficile de dire qu’un joueur de désathlétise totalement en quatre semaines après onze mois de compétition. La saison est tellement longue et dure que les joueurs ne perdent pas tant que ça. Il suffit de voir l’intensité du quart de finale (Toulon-Castres), qui est venu après plus de dix mois de compétition. Ils perdent bien sûr en force ou en intensité de course, mais cela se régule assez vite. C’est pour cette raison que la semaine de reprise est passée assez vite.

 

Le watt-bike est présent dans votre préparation. Pourtant cet instrument a été raillé car il à lui seul l’échec des Bleus lors de la Coupe du monde. En quoi est-il utile ?

Il a eu une mauvaise publicité en effet, notamment avant et après la Coupe du monde. On a certainement cru que c’était la solution miracle. Or, c’est un bon outil, mais il ne remplacera jamais le terrain, ni la course, ni un match de rugby. En revanche, l’avantage est qu’il traumatise les muscles sans traumatiser les articulations. Par exemple, les cyclistes l’emploient beaucoup car il leur permet d’évaluer la puissance développée, qu’elle soit maximale ou moyenne, et de travailler dans des zones très précises. J’essaye de me baser sur ces méthodes pour l’adapter au rugby. Bien sûr, on ne fera jamais des dix kilomètres de watt-bike, mais cet outil permet de répéter de sprints à puissance maximale, et espérer repousser la fatigue au maximum, le tout sans se blesser. En rugby, certains joueurs pèsent jusqu’à 140 kg… et je préfère largement les faire monter sur le watt-bike pour faire un peu de cardio en plus, plutôt que de leur donner 1 000 mètres supplémentaires de course à pied. Toutes nos séances sont mesurées par des GPS, et chacune d’entre elle comporte des objectifs individuels. Si ces derniers ne sont pas atteints, on peut avoir recours au watt-bike ou au rameur pour les atteindre.

 

Certains ont-ils progressé avec cet appareil ?

Oui, vraiment. Nous en avons eu plusieurs exemples la saison dernière. Mais le plus important reste l’harmonie entre les entraînements sur le terrain et ceux en salle. C’est là où la communication avec les entraîneurs devient primordiale. Encore une fois, le watt-bike est un bon élément, mais il ne faut pas l’utiliser n’importe comment.

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