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Mots...maux... Motus

Par Léo Faure
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Publié le Mis à jour
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Cette semaine, les déclarations avaient fusé que ce soit dans la presse ou directement devant les joueurs. Le capitaine Guilhem Guirado avait recadré les choses, vendredi. « La vérité, ce sont les joueurs qui la détiennent sur le terrain...» Alors, la vérité ? Bien que plus entreprenante que lors du premier test-match à Pretoria, cette équipe de France semble malheureusement encore assez limitée...

C’était la grande semaine des prises de parole. Celles de Guy Novès envers ses joueurs, dur sur l’homme, puis en tête à tête avec Serge Simon pour tenter de trouver un fonctionnement équilibré à cette association, construite contre nature et contre les volontés. Ensuite, il y a eu le discours de bonne volonté des joueurs, qui promettaient d’afficher un autre visage que celui de Pretoria, où ils avaient explosé face à la densité physique sud-africaine. Le discours de Bernard Laporte, enfin, en deux temps : dans la presse, tout d’abord en milieu de semaine, où les Bleus en prenaient pour leur grade. Puis aux joueurs directement, quelques heures avant le match. Parce que Bernard Laporte avait surpris son monde en débarquant effectivement en Afrique du Sud, samedi matin, alors qu’il était d’abord annoncé du côté de Tbilissi. « Un échange fort avec les joueurs du XV ce matin. Ça se passe sur le terrain à 17 heures. Allez les Bleus » avait ensuite commenté le président de la FFR via Twitter. Au passage, il profitait de sa journée à Durban pour acter un rapprochement avec Guy Novès, que tout le rugby français espère. Mais les discours, aussi poignants ou violents soient-ils, ne restent jamais que des discours. Qui n’engagent donc à rien, si ce n’est à offrir une tribune à celui qui les prononce. « Je ne sais pas si ça aura lieu, et ça ne nous intéresse pas. Notre moyen de nous exprimer, ce sont les 80 minutes sur le terrain. Je laisse les entraîneurs et les dirigeants se parler. La vérité, ce sont les joueurs qui la détiennent. Et elle est sur le terrain, pas dans les discours » avait cinglé le capitaine Guilhem Guirado la veille de la rencontre de Durban, un rien agacé par les tractations de chambres qui entouraient ce XV de France. Après la rencontre, il restait évasif. « Il n’y a rien eu de révolutionnaire. Il a fait un discours de président, rien de plus. Les joueurs sont responsables et il l’a rappelé ». Avant d’en placer une, pour son sélectionneur : « Comme Guy le fait déjà au quotidien. Mais je le répète : la vérité c’est le terrain et ce sont les joueurs qui la détiennent ».

Plus de pétrole et sans idée

La vérité du terrain, donc, c’est que ces Bleus, diminués comme ils le sont, sont une équipe qui ne peut rivaliser avec le gratin planétaire, dont les Sud-africains font officiellement partie, de nouveau, après son match de samedi. Une équipe qui, à pleine capacité, s’installe aux côtés de l’Écosse, le pays de Galles et l’Irlande. Amputée d’une dizaine de ses meilleurs éléments, comme c’est le cas aujourd’hui, elle ne justifie plus son statut de grande. Cela, c’est la vérité du terrain. Celle d’une équipe qui ne pourra cette fois pas se reprocher son manque d’engagement. À Durban, les Bleus se sont envoyés. Les dégâts physiques, des deux côtés, en attestent. Mais les limites techniques et physiques sont trop grandes, les imprécisions trop nombreuses pour pouvoir briguer la victoire face aux grandes nations.

N’en déplaise au capitaine Guirado, la vérité sur les échecs répétés du rugby français depuis bientôt dix ans est en fait très partagée entre le terrain et les coulisses. C’est celle d’une formation défaillante au milieu des années 2000, et dont les joueurs actuels sont issus. « Il y a du travail de fait actuellement et depuis quelque temps pour faire évoluer les choses. Mais les effets s’en feront ressentir avec un décalage de cinq ou dix ans, comme à chaque fois qu’on parle de formation. Nous, on est dans l’immédiateté. Il nous faut trouver des solutions tout de suite » soufflait Jeff Dubois, samedi soir. Sans avancer franchement d’idée, confirmant malgré lui l’impasse dans laquelle semblent se trouver ces Bleus.

Parce que les ressources humaines ne sont pas inépuisables et qu’en l’absence de la majorité des Clermontois, qui constituent l’épine dorsale de cette équipe et qui sont ceux qui maîtrisent le mieux ce rugby de vitesse, les Bleus semblent franchement affaiblis.

Parce que les entraîneurs sont aussi démunis face à un ouvreur de 30 ans et 59 sélections (François Trinh-Duc) qui disjoncte, relance un ballon alors qu’il est isolé au fond du terrain, se fait prendre et, pour couronner le tout, se fait intercepter une passe après contact suicidaire ! D’une bonne entame de match, les Français se retrouvaient ainsi à dix longueurs (7-17) et autant de points offerts à l’adversaire. Fin du match, déjà.

Qu’attendre du troisième test ?

La dernière vérité, c’est celle d’un Top 14 qui se berce de l’illusion d’être le meilleur championnat du monde, quand il est simplement le plus attractif. Un championnat inadapté, sur la forme comme le fond : trop long, trop fermé dans le jeu, trop serré par la crainte de la relégation et l’enjeu financier, qui rend le résultat plus important que le rugby pratiqué. On répète là ce qui a été dit cent fois. Mais le mal persiste. Et le XV de France continue d’en souffrir terriblement.

Passé le constat, on se penche alors sur cette tournée, déjà perdue. Dès samedi à Durban, les Sud-Africains soulevaient le trophée des vainqueurs, à la fin de la rencontre, alors qu’il reste encore un troisième test à jouer. À quoi pourra-t-il bien servir ?

Guirado promet que les Bleus ne lâcheront rien. Mais la bête est franchement entamée, au terme d’une saison de dix mois et après deux claques franchement sévères face aux Springboks. « On n’a pas le droit de lâcher » relance Jefferson Poirot. « Le staff nous l’a très bien dit : gagner ici, c’est un exploit. Quoi qu’on puisse dire de cette équipe springbok, je ne la trouve bien au-dessus que ce que tout le monde annonçait. Mais c’est important pour ce groupe de gagner ce dernier match. On en a besoin pour se construire. Il faut gagner, c’est la seule chose que j’envisage.» Le pilier bordelais marquait alors une pause. « Que Bernard Laporte dise qu’on va être la seule génération à ne rien gagner… Ça nous touche parce qu’il a raison. On va lui montrer qu’on vaut mieux que ça ».

Si elle ne changerait certainement rien aux problèmes fondamentaux du rugby français, une victoire lors du troisième test ferait effectivement du bien au moral. De tout le monde.

Par Léo Faure

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