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Le droit de rêver pour le Stade Français

Par Arnaud Beurdeley
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Publié le Mis à jour
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Le 12 mai prochain, le Stade français aura l’occasion à Edimbourg de décrocher son premier titre européen. Les Parisiens ont obtenu leur qualification face à Bath au terme d’un scénario incroyable.

Décidément, Sergio Parisse et ses partenaires n’ont rien du commun des mortels. Ou comment faire, toujours, inlassablement, autrement que les autres. Quand à la 72e minute de la rencontre, les Anglais de Bath ont inscrit leur troisième essai de la rencontre et pris l’avantage au tableau d’affichage pour la première fois de la partie (18-25), on a bien cru qu’il en était fini des chances du Stade français. Exit alors le rêve de tutoyer le premier titre européen du club de la capitale. Envolé l’espoir de s’offrir un baroud d’honneur tous ensemble avant de voir se disloquer un effectif dans lequel les clubs de Top 14 ont copieusement fait leur marché et continuent de le faire en surfant sur le flou entourant l’avenir du club. « C’est pour cette raison que j’étais ému à la fin de la rencontre, a raconté Jules Plisson, auteur du drop victorieux vingt secondes avant le gong. L’histoire va s’arrêter dans quelques semaines, beaucoup de joueurs vont partir, beaucoup de mes copains avec qui je dîne souvent vont quitter le club. Je n’aurai plus grand monde l’an prochain avec qui partager mes soirées. Ça me touche, ça me fait mal. On avait tous envie de finir sur un titre européen. »

Cette opportunité, les Parisiens sont allés la chercher à la force mentale. « Sous les poteaux, à l’instant du troisième essai anglais, reprend Plisson, on s’est dit qu’on était tous en train de marcher, qu’on n’avait pas le droit de lâcher maintenant. » En moins de huit minutes, le Stade français est revenu du diable vauvert. Aucun éclairage technique n’est plausible. Aucune explication physique non plus. Au contraire. « Quand j’ai vu le niveau de fatigue des joueurs au moment du troisième essai anglais, raconte Gonzalo Quesada. Je me suis dit que ce serait impossible. » Raté. Les Stadistes l’ont fait. D’abord, grâce à un essai du deuxième ligne Hugh Pyle (78e) après une course de cinquante mètres, ajoutant encore un peu plus d’improbabilité à la situation. Ensuite, parce que Jules Plisson a fait preuve de courage et de sang-froid. Son drop, quelques secondes avant la sirène, a provoqué un hurlement de plaisir du stade Jean-Bouin, comme jamais entendu cette saison. « L’aspect mental a été déterminant dans cette victoire », juge Sergio Parisse. Et Plisson de plaisanter à la fin du match : « J’aurais peut-être dû attendre vingt secondes avant de tenter le drop. Au moins, ça aurait été la fin du match. » Et pour cause. Les cardiaques ont bien failli y laisser leur pacemaker. Sur la dernière action, Bath s’est donné le droit de jouer une prolongation en obtenant une pénalité dans les cordes de leur ouvreur international. Las, George Ford a manqué la cible. Deuxième râle de jouissance au cœur de Jean-Bouin. Et Plisson d’affirmer : « On ne sait pas de quoi l’avenir sera fait, qui va reprendre le club, mais avec cette victoire, dans un stade, certes loin d’être plein, mais qui chante, qui nous soutient tout le temps, on ne pouvait pas faire une plus belle com. »

Courage et abnégation

Gonzalo Quesada se serait pourtant bien passé de ce scénario hitchcockien. Le directeur sportif parisien, comme les onze mille spectateurs, est passé par tous les états. D’abord, de la sérénité. En début de rencontre, quand bien même Bath monopolisait le ballon, ses joueurs ont su « scorer » sur leurs temps forts. « à la mi-temps, on a fait le constat d’un manque de patience, explique le technicien argentin. à chaque break, on a trop voulu finir les actions rapidement. On a alors demandé de passer par un temps de jeu supplémentaire. » Un choix payant puisque concrétisé en début de seconde période par un essai de Jules Plisson, encore lui (18-6, 48e). Seulement voilà, comme lors du premier acte, les Parisiens n’ont pas vu le ballon en deuxième période. Trop de petites erreurs, trop de ballons rendus inutilement. Les chiffres témoignent : 65 % de possession de balle pour Bath et 70 % du temps passé dans le camp stadiste. « Toutes ces erreurs de gestion ont été compensées par le courage et l’abnégation, souligne encore Gonzalo Quesada. Je crois que l’épisode de la fusion a vraiment boosté l’équipe. Ils ont eu à prendre des décisions. Aujourd’hui, ils les assument. C’est incroyable. »

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