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Bru refait le match

Par Léo Faure
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Publié le Mis à jour
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Après l'avoir revu « deux fois en intégralité », à la vidéo, puis de manière plus séquencée par secteur, Yannick Bru est revenu, lundi matin, sur la première rencontre face aux Pumas. Avec des satisfecit sur les novices à l'international. Et le constat, lucide, que les Bleus ont tout de même souffert physiquement. 

LE SENTIMENT

La déception prédomine parce qu'au regard de l'investissement global des joueurs mais aussi de certains jeunes, néophytes à ce niveau, je trouve que le score est lourd. J'y suis habitué, c'est la réalité de ce niveau : quelques mauvaises décisions, des opportunités mal converties, c'est souvent un enchaînement fatal face au réalisme et au talent des adversaires. C'est frustrant. Souvent, qu'on on prend une danse, on se dit qu'on a simplement été battu par plus fort. Là, on a rivalisé, on s'est procuré des occasions. On a mis l'intensité nécessaire pour exister mais le match nous échappe. C'est rageant. En temps qu'outsider, on a bien boxé et à la 65e minute, on peut gagner aux points. Mais à l'international, il y a des choses rédhibitoires. Quand tu prends 30 points…

 

LA DEFENSE

Il y a eu des erreurs défensives pas acceptables, au regard du travail effectué par Gérald (Bastide, N.D.L.R.) toute la semaine. Des prises de décisions et des opportunités offensives gâchées par des mauvais choix et des mauvais gestes. Une par une, ces erreurs peuvent être acceptables. Mais toutes cumulées, c'est beaucoup trop face à une nation de l'hémisphère sud. Notre taux de plaquages manqués est élevé. Il y a trop de fautes de défense sur l'homme. Il y a aussi des erreurs individuelles de position et de replacement dans notre système. C'est un secteur que nous avons beaucoup travaillé, puisque nous savions que l'Argentine allait nous proposer du jeu. En ce sens, oui, c'est un secteur où nous sommes déçus.

 

LES NOVICES

Nous savions le scénario compliqué, avec de jeunes joueurs qui découvraient ce niveau-là. Nous avions préparé ce match en leur disant que les erreurs de comportement seraient sévèrement appréciées et évaluées, mais que les erreurs techniques seraient plus acceptées. Nous avions demandé de l'investissement, du cœur et cela, nous l'avons eu. Il faut valoriser ce point, qui est très important à nos yeux. Cela valide notre choix de partir avec un groupe d'outsiders. Tous les joueurs qui étaient dans ce schéma-là ont été bons. Ce n'est d'ailleurs pas eux qui ont réalisé les erreurs les plus flagrantes, au moins en ce qui me concerne, chez les avants. Tous ceux qui étaient partis dans ce schéma d'outsider, avec 10 à 12 jours de travail, ont mis à profit toute cette préparation et se sont tirés d'affaire. Ils ont fait honneur à cette première sélection.

 

LA COMPOSITION DU 2E TEST

L'équipe de France est là pour gagner les matchs. Elle n'est pas là pour récompenser des joueurs et donner du temps de jeu à tout le monde. Cela, c'est très clair. Nous aurons une réflexion dans le staff pour trouver les bons équilibres. Mais les performances passées comptent concernant l'équipe nationale. On peut raconter ce qu'on veut : l'important c'est d'être bon sur le terrain, pendant 1h30. Ce n'est pas à la salle de gym, au cours de yoga ou à la nutrition qu'on marque des points. Même dans les circonstances qui sont les nôtres, la Tournée n'est pas faite pour s'offrir deux promenades et rentrer à la maison ! Nous prendrons en compte que nous disposons d'un jour de repos en moins, que certains joueurs qui découvraient ce niveau seront très marqués physiquement, qu'ils auront du mal à récupérer. Mais il est clair que ceux qui débutaient dimanche et qui ont été très bons nous amènent à nous poser la question de leur reconduction. Cette problématique, c'est d'ailleurs une très bonne chose.

 

LE NIVEAU DES PUMAS

Il est certain que, sur le plan du rythme et l'explosivité, ils n'ont pas semblé aussi frais que pendant la Coupe du monde. Avec leur participation au Super 18, l'accumulation des voyages et la fatigue pèsent dans leurs jambes. Mais ils conservent des individualités qui gagnent des duels cruciaux. Ils nous ont dominés dans les replacements, surtout, qu'ils soient offensifs ou défensifs. Leur supériorité athlétique sur ce match fut réelle.

 

LA CONQUÊTE

Nous avons été performants dans ce secteur. Nous avions beaucoup travaillé et je suis content pour les joueurs. Même si cela renforce la déception du résultat final. On se dit : tout ça pour ça ! On prend trente points, c'est un peu dur. Nous avions trouvé des équilibres intéressants, certains ont vraiment saisi leur chance à ce niveau. Pourtant, nous n'avions pas simplifié nos annonces, malgré le peu de temps de travail en commun. Que ce soit au niveau du jeu ou sur des secteurs spécifiques, nous voulions travailler en cohérence avec notre projet. Aux joueurs de s'adapter, on ne fait pas de pas en arrière et on maintient le cap.

 

LE DECHET

Nous persévérerons das notre idée de la passe de plus. Ce qu'il nous faut travailler, c'est la prise de décision des joueurs dans l'intensité. Est-ce que je tente la passe ? Est-ce que je vais nettoyer ? Quel est mon rôle sur la zone de ruck ? Là-dessus, notre marge de progression est importante et les Argentins nous ont battus. Sur toutes les actions longues, ils ont fini par prendre le dessus sur les zones de ruck, ou nous ont obligés à consommer trop de joueurs. Au fil de l'action, nous commencions à mal nous situer. Par exemple : sur un septième temps de jeu, ils venaient dans les rucks à 3 pendant que nous consommions 5 joueurs. Parce que certains étaient en perdition et cela devient alors inexorable, l'adversaire prend le dessus. Dans ce registre, la participation des Argentins à une compétition basée sur la vitesse, le Super 18, leur donne un avantage.

 

LA SORTIE DE LAKAFIA

Nous avions fait attention à beaucoup préserver ses ischio-jambiers. Nous avions fait tout ce qui était possible mais assez vite, il s'en est ressenti. Ce n'est pas vraiment une récidive. Simplement, il sentait qu'il ne pouvait pas accélérer. Il a été très honnête avec nous et nous l'a fait savoir. Nous avons décidé de le coacher.

 

LA DENSITE PHYSIQUE

A ce niveau, il faut de la complémentarité. Il faut des équilibres dans une équipe. Des joueurs très aériens et des puissants à côté. Mais sur la répétition des duels et des impacts, pour créer des différences, il faut de la densité physique. Si vous avez, dans vos rangs, trop de joueurs qui perdent des duels athlétiquement, la rencontre se complique sérieusement. Il faut de tous les profils : des puissants et d'autres qui ont des mains, qui sont de beaux joueurs de rugby. Mettre quinze athlètes sur le terrain, ça ne sert à rien.

 

GOURDON EN N°8

A son entée en jeu, nous laissons Picamoles en troisième ligne aile parce que c'est la fin de la première mi-temps, que Kevin Gourdon a beaucoup donné et qu'au rugby, les troisième ligne ailes courent beaucoup. Nous avons décidé d'aller comme ça jusqu'à la mi-temps avant de recadrer les choses et de replacer Kevin en troisième ligne aile. L'idée de base, c'était de le placer en numéro 8 pour lui donner du confort. Il est très à l'aise dans les contre-attaques, il aime ça et préfère jouer numéro 8. Ça m'intéressait de le mettre dans les meilleures conditions possibles pour aborder son premier match. J'ai aussi à cœur d'avoir deux gros pousseurs derrière les piliers, en mêlée fermée. Enfin, je pense que Loan (Goujon, N.D.L.R.) a plutôt de l'avenir en numéro 6 ou 7. Je le vois plutôt dans ce rôle.

 

LES NOUVEAUX ACCORDS LNR-FFR

Nous aurons plus de temps et des fenêtres plus importantes. Ce n'est pas inespéré parce que, au contraire, on espérait vraiment. On savait qu'il y avait des discussions et c'est du très bon travail qu'ont fait, ensemble, la Fédération et la Ligue. Nous saluons très clairement cet accord. Cela permettra de préserver la santé des joueurs et aux internationaux de mieux se préparer. Nous donnerons la liste après la tournée. Cela signifie trois semaines en famille et cinq semaines de travail, pour régénérer le corps et faire du développement athlétique. Huit semaines, c'est presque une préparation de Coupe du monde chaque année ! Nous serons presque alignés sur les Anglais et c'est toujours ce que nous avons réclamé : être sur la même ligne de départ que nos concurrents. Il n'y aura plus d'excuse, c'est sûr, mais c'est ce que nous réclamions. Et nous assumerons. Nous ne demandions que ça : être jugés en étant sur un pied d'égalité avec les autres.

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