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De Cromières : «La star, c’est l’équipe»

Par Léo Faure
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    De Cromières : «La star, c’est l’équipe»
Publié le Mis à jour
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Son équipe qualifiée en demi-finale et leader de la phase régulière, le président du club auvergnat se confie sur la suite et l’actualité du rugby français. 

Clermont leader donc favori, est-ce un gros mot ?

Si je regarde l’histoire, je ne suis pas sûr que beaucoup de leaders de la phase régulière aient fini champions de France. Donc favori, non. Un des favoris, oui, j’accepte l’étiquette. Nous avons montré que nous étions capables de pratiquer un bon rugby. Mais le ou les matchs qui nous attendent en phase finale, ce sera contre des gros tanks. J’ai bien aimé l’expression du Midol, sur « le rugby commotions cérébrales » incarné par Toulon, le Racing et Montpellier. En face, Clermont propose un rugby plus complet, plus chaloupé. Mais ce rugby nous permettra-t-il de gagner ? En tout cas, nous n’avons pas le choix. Si nous voulons pratiquer le même rugby que les équipes précitées, nous souffrirons d’un déficit de puissance. Il faudra jouer notre rugby, pour déplacer les gros cubes adverses. C’est mon avis mais c’est surtout le boulot de Franck Azéma, qui a 100 % de ma confiance.

La crise de l’hiver, passée, vous donne-t-elle un avantage de fraîcheur dans le sprint final ?

Malheureusement, il y a encore des blessés. « Dato » (Zirakashvili, N.D.L.R.), notamment, qui a du mal à se remettre… Commençons par gagner la demi-finale, si possible sans y laisser trop de plumes. Mais ma fierté, c’est d’avoir figuré neuf fois en demi-finale sur les dix dernières années. Je sais que ce n’est pas le plus important, qu’il faut aller au bout. On me le dit assez. Mais c’est tout de même le signe de la bonne santé du club. Et puis, dans 63 % des cas, nous nous qualifions pour la finale. Après, nous souffrons d’un déficit. Je ne sais d’ailleurs pas trop de quoi, si ce n’est que c’est tout sauf une malédiction. En attendant d’en arriver là, je sais que les joueurs sont animés d’une grande envie d’aller au bout. Je sais aussi que nous serons difficiles à battre.

Votre place de leader n’était pas une évidence en janvier. Quelle a été la recette ?

Je pense qu’en décembre-janvier, quand nous avons connu une vague de blessés, ceux qui étaient appelés à les remplacer n’ont pas été assez mis en responsabilité. Certains arrivaient un peu trop la fleur au fusil. Les internationaux ne s’étaient pas repositionnés sur l’échiquier, certains avaient peur de ne plus jouer. Tout cela a créé un petit malaise collectif. Nous avons fait en sorte de recentrer chaque individu. Qu’il soit vu individuellement pour lui rappeler une chose, très claire : sa carrière dépend d’abord du collectif.

Clermont avait-il versé dans l’individualisme ?

Il y a des tendances, personnelles, qui ont pu apparaître. Certaines choses ont dû être dites clairement. Franck (Azéma, N.D.L.R.) et Jono (Gibbes) ont fait un boulot important pour rencontrer chaque joueur individuellement et le rappeler le principe de base, à Clermont : la star, c’est l’équipe. C’est aussi simple que cela. En rugby, la victoire se décide beaucoup sur la volonté collective de l’équipe. Ensuite, certains blessés sont rentrés. Il y a eu un peu de réussite sur certains matchs. Et la machine est repartie.

Avez-vous regardé les phases finales de Coupe d’Europe à la télé ?

Pendant cinq ou dix minutes, on commence toujours à se dire : « merde, on aurait pu y être ! ». Ça retourne un peu le couteau dans la plaie. Ensuite, vous regardez le match comme un lambda. En vous emmerdez plus ou moins. Dans certains cas, c’était plutôt plus que moins.

Vous parlez de la finale…

Je parle surtout en tant que spectateur. Je ne critique pas la manière de jouer des autres. Ils font comme nous : ils essaient de gagner. Avec leurs armes et leur manière.

Pendant ce temps, vous avez également débuté votre recrutement pour 2017…

(il coupe) Ce n’est pas un sujet que je souhaite aborder…

C’est pourtant une vérité…

La vérité, c’est que des joueurs cherchent d’ores et déjà à quitter leur club, pour des raisons qui leur appartiennent. Et qu’ils sont rapidement portés sur le marché par leurs agents, très actifs. C’est la réalité.

Est-ce un phénomène inquiétant pour le rugby, de voir les gros bras du Top 14 se faire la guerre pour des recrutements anticipés de plus d’un an ?

Il ne faut pas utiliser les grands mots ! Les joueurs, même s’ils connaissent leur destinée pour dans un an, sont suffisamment professionnels pour faire le boulot dans le club où ils sont. Ensuite, ce ne sont pas les clubs qui sont moteurs de ce phénomène. Ce sont les agents. Comment mieux réguler leur profession ? Je ne sais pas très bien. Parfois, c’est vrai que le rugby ne s’occupe pas assez du sport et trop du business. C’est ce qui m’inquiète. De voir le spectacle que proposent ces grosses armadas…

Clermont, tout de même, fait partie de ces grosses armadas…

En termes de puissance, je ne pense pas qu’on puisse rivaliser avec des Vermeulen, des Spies et tous les Boks de Montpellier. Si encore, il n’y en avait qu’un, O.-K. Mais là, ils sont quatre, cinq, six…

Parmi les autres dérives du moment, il y a l’absence des internationaux pour ces phases finales. Vous êtes impactés et vous n’êtes pas les seuls. Ridicule ?

C’est le problème éternel, sur lequel on revient sans arrêt. Le ridicule, c’est notre calendrier à la con ! Je le dis à chaque fois, dans les journées, dans les réunions à la Ligue… La seule solution, c’est d’enlever des matchs. La solution me paraît évidente, c’est le Top 12. Mais quand je le dis, on me répond que je suis un imbécile, que je ne comprends rien au rugby. Cela ne m’empêche pas de persister à le penser.

Qu’est-ce qui bloque ?

Regardez la situation : à la Ligue, il y a trente clubs dont seize de Pro D2. Quel club de Pro D2 va accepter de voter le Top 12 ? Sérieusement, sans même évoquer les intérêts de chacun en Top 14, le débat est déjà fini. Mais on ne pense jamais au rugby. Chacun pense à son territoire. Et cela ne peut pas continuer. De la même manière que la modernité sans phase finale. Le championnat se jouerait très différemment.

Mourad Boudjellal, récemment, disait qu’il ne paierait pas le mois de juin aux joueurs qui partiraient en sélection. Quid de Clermont ?

J’y ai réfléchi, il y a eu cette tentation. Mais je suis arrivé à la conclusion que c’était une solution que je trouvais assez lâche. Nous respectons suffisamment nos joueurs, que je considère plutôt victimes de l’article 9 et des calendriers dans cette affaire, pour ne pas en arriver à de tels procédés.

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