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Il y a vingt ans, le rugby devenait.... Super

Par Jérôme Prévot
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    Il y a vingt ans, le rugby devenait.... Super
Publié le Mis à jour
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En 1996, une compétition d’un nouveau genre voyait le jour dans l’Hémisphère Sud, une révolution !

C’était il y a vingt ans, et la planète ovale se métamorphosait. Une nouvelle compétition faisait son apparition dans les mers du sud : le Super 12. C’était en fait le pendant sudiste de la Coupe d’Europe, une conséquence directe du passage au professionnalisme sauf que cette compétition-là ne cohabitait avec aucun championnat domestique. Elle se suffisait à elle-même. La nouveauté, c’était que le Super 12 était un championnat international régulier. Il concernait trois pays, la Nouvelle-Zélande, l’Afrique du Sud et l’Australie et ne connaissait pas de … descente. C’était une révolution pour nos mentalités traditionnelles européennes et surtout françaises. Le Super Rugby se présentait d’emblée comme une ligue fermée, à la manière des sports américains. On y entrait sur invitation.

Cette formule révolutionnaire présentait beaucoup d’avantages : elle était censée garantir un jeu spectaculaire et ambitieux où les équipes entraient sur les pelouses plus pour gagner que pour ne pas perdre, à l’opposé des ravages de la championnite. Puisque les plus mal classés n’avaient pas à se faire de bile pour son avenir, pas la peine de calculer ou de serrer le jeu. Ce Super 12 jouait aussi la carte de l’élitisme, il divisait les élites les plus riches du monde en quatre ou trois équipes . La modernité était criante On découvrait alors des surnoms plus ou moins imagés : les Blues, les Crusaders... etc. On découvrait alors des surnoms plus ou moins imagés : les Blues, les Crusaders..., comme en NFL ou en NBA. Les noms des villes n’étaient pas associés officiellement aux équipes, ce qui donnait une curieuse impression d’abstraction. On comprit que les organisateurs voulaient se démarquer des provinces traditionnelles (Auckland, Canterbury, etc....) même si ces nouvelles franchises en étaient un peu les appendices (elle étaient bien obligées de jouer dans les plus grandes villes du pays, Christchurch, Auckland, Sydney, Le Cap....).

Pourtant, ce Super 12 laissait la main aux fédérations historiques, propriétaires de chaque « franchise », nouveau terme pour ces nouvelles entités. Ainsi, elles restaient garantes d’une certaine philosophie, celle de la formation des talents locaux au service de l’équipe nationale, dont elles ne chevauchaient pas le calendrier. En plus, les trois fédérations se montraient fermes, pour revêtir le maillot de la sélection, il fallait jouer dans une des franchises.

Sur le moment, on ne voyait que des raisons de se réjouir car les trois nations du sud avaient toujours souffert de leur isolement géographique qui limitaient leurs déplacements. Elles avaient trouvé un bon compromis entre modernité et tradition. Ce nouveau paradis était chapeauté par la SANZAR, organisme issu des trois fédérations concernées et il était financé par un certain Rupert Murdoch, le magnat mondial des télévisions payantes. Pour la première fois, on voyait une épreuve lancée directement par un media, à la recherche de contenus attrayants pour ses abonnés : une nouvelle conception du sport.

 

Pendant quatre ou cinq ans, le monde du rugby vécut une vraie « Super 12 mania » . Elle était largement méritée, les matches étaient très offensifs, les essais pleuvaient, notre rugby paraissait étriqué et frileux par rapport à cette farandole. Mais avec le temps, on se rendit compte que cette compétition qu’on parait de toutes les vertus avait aussi ses problèmes : les déplacements étaient longs, coûteux et fatigants, les Sud-Africains s’estimaient désavantagés par rapport aux deux autres pays. On se rendit compte aussi que l’arbitrage n’était pas le même que dans l’hémisphère nord, qu’il était moins pointilleux. Et puis, ces équipes jouaient dans des stades surdimensionnés, donc devant des tribunes souvent vides. Mais il faut bien le reconnaître, avec le recul du temps, on se rend compte que ce rugby d’un nouveau genre a permis aux trois nations du Sud de conserver leur supériorité. L’absence de descente leur a permis de continuellement donner leur chance aux jeunes et de remplacer les vétérans partis monnayer leur talent en Europe. Vingt ans après, le Super Rugby continue de séduire, même s’il souffre sur le plan financier, les rugby français et anglais ont trouvé de l’argent pour lui mettre une pression d’enfer en séduisant leurs joueurs de plus en plus tôt,au point de faire craquer les fédérations qui acceptent désormais de prendre des exilés (sauf la Nouvelle-Zélande). Le Super Rugby tente de contre-attaquer en augmentant le nombre de ses franchises, en acceptant des actionnaires privés (les Melbourne Rebels) en s’ouvrant à l’Argentine et au Japon. Il souffre, c’est vrai. Mais il est encore diablement séduisant.

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