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Pourquoi les jeunes ne jouent-ils pas ?

Par Emmanuel Massicard
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    Pourquoi les jeunes ne jouent-ils pas ?
Publié le Mis à jour
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Les jeunes sont aujourd’hui sans certitudes quant à leur avenir au plus haut niveau... Tour d’horizon des problèmes accumulés.

Longtemps la règle des Jiff fut considérée comme un facteur d’inflation - démesurée - des salaires offerts à la main d’œuvre qualifiée française. Il suffisait d’être un joueur issu de la formation française pour bien vivre, faute de jouer. Logique : ce qui est rare est cher. Et les Français ont globalement bénéficié de l’appel d’air pour compléter les effectifs et voir leur niveau de rémunération augmenter. Pour autant, l’argent ne fait pas forcément leur bonheur. Parce qu’ils ne jouent pas, ou très peu. Pas assez en tout cas pour offrir au XV de France un réservoir suffisant, en nombre et en qualité. La faute à qui, à quoi ? les raisons sont multiples. Variées. Souvent mêlées.

Délit de « sale jeune »

La formation française a trop longtemps délaissé ses principes fondamentaux - dont l’exigence d’une technique individuelle parfaite et le développement physique équivalent- pour répondre aux besoins de résultats immédiats des clubs soumis à forte concurrence et rassurés par le recrutement de joueurs déjà formés. Le peu d’intérêt placé dans les centres de formation du secteur professionnel et la guerre des pôles, entre la fédé et ses clubs, a creusé un fossé difficile à combler. Pire, c’est longtemps une défiance qui a conduit les principes de développement de la formation, comme un délit de « sale jeune » dépréciant le réservoir français.

Coulés par l’argent

Avec l’argent des mécènes ou celui des investisseurs/présidents, le rugby français s’est découvert un « confort » inégalé. Il a ainsi cédé à la facilité, et au culte du succès immédiat. Les budgets en hausse, encore confortés par les droits télévisuels décuplés, ont permis aux clubs de l’élite de faire appel aux meilleurs joueurs de la planète et à leurs compatriotes qui, eux, ne sont pas toujours les meilleurs. Qu’importe, un Bok ou un Black moyens, même sur le déclin, feront toujours plus d’effet qu’un Varois de la Côte, un Aveyronais du Ségala, un Basque de la Soule ou du Labourd. Les grands argentés se sont tournés vers des joueurs « bankables », des têtes d’affiche pour construire budgets et effectifs ; pour gagner directement le sommet des classements. Les exemples de Toulon, du Racing et de Montpellier sont ici édifiants, avec des réussites construites sur les C.V. des meilleurs acteurs de la planète, recrutés à prix d’or au fil des ans pour nourrir le plus grand championnat du monde. Par voie de conséquence, c’est toute la pyramide française, jusqu’aux amateurs, qui s’est trouvée impactée : cédant à la mode et comptant les places offertes aux joueurs français. Deux éléments, si brillants ce week-end, incarnent notre problématique : le vieux Mignardi, lancé par le FC Auch à 18 ans et qui s’est ensuite retrouvé dans l’ombre en mutant avant de finir par briller au CAB ; le jeune Ollivon, immense espoir aux portes de l’équipe de France mais privé de jeu par l’incroyable effectif du RCT… À chacun d’assumer ses choix mais des questions méritent d’être posées : avec d’autres moyens, Auch aurait-il lancé Mignardi ? Et Toulon lasserait-il Ollivon en tribunes ?

Elite resserrée, JIFF : les limites du système

Par delà l’argent et le savoir-faire de notre formation, les jeunes sont plombés par tout un système. L’élite resserrée a réduit les places offertes aux jeunes issus des écoles de rugby de l’Hexagone ; le passage à 10 ou 12 ne fera qu’amplifier le phénomène. Enfin, la règle des Jiff, trop vite contournée, a peu évolué. En tout cas pas assez vite pour conduire les clubs à reconsidérer le réservoir tricolore. Allez, roulez jeunesse !

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