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Rémi Bonfils: «Burban mettait des pétards à tout le monde»

Par Marc Duzan
  • Rémi Bonfils: «Burban mettait des pétards à tout le monde»
    Rémi Bonfils: «Burban mettait des pétards à tout le monde»
Publié le Mis à jour
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Révélation de la saison parisienne, Rémi Bonfils retrace son parcours de rugbyman, exhume ses premiers souvenirs «pucistes», évoque son premier tête à tête avec Lakafia, parle de la mêlée parisienne, de la facilité de Wesley Fofana et de sa passion pour le cinéma. Rencontre.

Racontez nous brièvement votre parcours.

Je suis né dans le IVe arrondissement de Paris mais j’ai grandi au Plessis-Trevise, dans le Val de Marne. J’ai un peu goûté au football, fait quelques années de judo avant de débuter le rugby à Villers-sur-Marne. J’avais 11 ans. L’éducateur m’ayant vraiment donné le goût de ce sport est un ancien talonneur, Vincent Gourre. Il fut pour beaucoup dans tous mes choix de carrière.

Quels joueurs du Top 14 actuel pouviez-vous croiser sur les terrains d’Ile-de-France, à vos débuts ?

J’ai affronté quelques fois Mathieu Bastareaud, à l’époque où il jouait à Créteil. C’était une sorte de derby, pour nous. Très vite, «Basta» a signé à Massy et nos affrontements se sont arrêtés là. À 17 ans, il jouait déjà en équipe une...

Et ensuite ?

J’ai passé deux ans au Puc. Je garde des souvenirs exceptionnels et quelques amitiés très fortes de ce club-là. Les liens que j’y ai tissés avec des mecs qui ne jouent plus au rugby mais que je côtoie encore très souvent à Paris ne disparaîtront jamais. Au Puc, je jouais aussi avec Burban, Fofana… Wesley était déjà très facile. Quand il s’énervait un peu, il traversait le terrain.

Et Burban ?

Le jour de mon premier entraînement avec le Puc, un copain m’a dit : «Méfie toi de lui. Ses plaquages sont terribles.» Effectivement, Antoine mettait déjà des pétards à tout le monde. Très vite, il a d’ailleurs quitté le club pour s’engager au Stade français.

“Il n’y a pas de volonté égoïste, de notre part, de s’approprier l’image ou la réussite du club. Si nous avons fait notre trou, c’est aussi parce que Julien Dupuy, Pascal papé, Pierre Rabadan et Sergio Parisse nous ont facilité la tâche.”

Avez-vous toujours rêvé d’être rugbyman professionnel ?

Pas vraiment, non. La question ne s’est vraiment posée qu’à 18 ans. Je venais d’intégrer les Reichel du Stade français. C’était une saison de Coupe du Monde (2007, N.D.L.R.), Dimitri Szarzewski était avec les Bleus et le club avait besoin d’un talonneur supplémentaire, pour les matchs de présaison. J’ai alors joué contre Trévise, Bourgoin et Bayonne. C’était cool. Je me suis dit : «Cette vie pourrait être sympa, finalement.»

À quel âge avez-vous intégré le centre de formation du Stade français ?

Très tard. J’avais 22 ans et un Master de commerce en poche. Pour intégrer le centre de formation, il me fallait néanmoins poursuivre des études. J’ai donc validé un autre Master, à l’European Business School, sur les quais de Seine.

Vous réalisez une saison incroyable, à tel point que Laurent Labit et Christophe Urios nous confiaient dernièrement qu’ils vous plaçaient parmi les trois meilleurs talonneurs du Top 14. Pourquoi êtes-vous arrivé si tard à maturité ?

Je n’ai que 26 ans. Je ne suis pas non plus très vieux… (rires) Franchement, je ne sais pas. Je ne me suis jamais posé la question. Quans je suis arrivé au Stade français, fin 2007, le club venait d’être sacré champion de France mais il y eut, ensuite, une longue traversée du désert. Il y a deux ans, David Auradou et Christophe Laussucq ont décidé de lancer des jeunes. J’ai fait partie de ce wagon-là.

De loin, il semble que la jeune génération du Stade français ait le souhait d’écrire sa propre histoire. Qu’en est-il vraiment ?

Je ne le vois pas comme ça. Il n’y a pas de volonté égoïste, de notre part, de s’approprier l’image ou la réussite du club. Si nous avons fait notre trou, c’est aussi parce que Julien Dupuy, Pascal papé, Pierre Rabadan et Sergio Parisse nous ont facilité la tâche.

“Il n’y a pas vraiment de secret. La mêlée, ça va, ça vient… Clermont possède également une mêlée très puissante. Rien n’est jamais acquis, dans ce secteur de jeu.”

Comment voyez-vous le rôle du talonneur dans le rugby moderne ?

Il y a des bases non négociables: le lancer en touche et la poussée en mêlée. J’ai également l’impression qu’on demande aujourd’hui de plus en plus de choses à un talonneur. Il est devenu un quatrième troisième ligne, en fait. Il doit plaquer, bouger, gratter des ballons…

La mêlée du Stade français fait beaucoup parler. Quel en est le secret ?

Il n’y a pas vraiment de secret. La mêlée, ça va, ça vient… Clermont possède également une mêlée très puissante. Rien n’est jamais acquis, dans ce secteur de jeu.

Comment la travaillez-vous à l’entraînement ?

Jamais au joug, toujours en opposition ! Au Stade français, tout le monde est concerné par cet exercice. Nos troisième ligne restent en poussée le plus longtemps possible, jusqu’à ce que le ballon soit digéré. C’est un vrai travail à huit.

Votre mêlée est également très basse…

Oui. Peut-être parce que le plus souvent, l’homme le plus grand de notre première ligne est Heinke van der Merwe (1, 80 m) ! Nous ne sommes pas des monstres !

La barbe, est-ce la revendication de votre côté hipster ?

Pas du tout. J’ai les joues rondes et les cache comme je peux ! (rires)

Avez-vous toujours porté un casque, sur le terrain ?

Non. Puis j’ai croisé Raphaël Lakafia…

C’est-à-dire ?

Ce jour-là, on affrontait Biarritz (saison 2010-2011). « Lakaf » a remonté un ballon de ses vingt-deux mètres, droit sur moi. Je me suis baissé pour le plaquer mais le contact a été très violent. J’ai pris un K.-O. de l’espace… Le nerf optique a été touché, je voyais double. Après ça, j’ai même du arrêter de jouer pendant cinq semaines. J’ai alors jugé qu’un casque pourrait m’être utile…

Comment occupez-vous votre temps libre ?

J’essaie de me changer les idées. Je suis un dingue de cinéma. Récemment, trois films m’ont d’ailleurs beaucoup touché. Il y eut d’abord Dallas Buyers Club, l’histoire d’un séropositif texan en fin de vie. J’ai également apprécié Vincent Lindon dans la Loi du Marché, le film qui lui a valu la palme d’or, à Cannes. Il y a enfin « Mommy », l’histoire d’une jeune veuve héritant de la garde de son enfant. Cette histoire est très forte.

Le cinéma, et quoi d’autre ?

Ma petite amie a fait l’école du Louvre. Plus tard, elle voudrait devenir conservateur de musée. C’est elle qui a fait mon éducation artistique, en quelque sorte. Ces derniers mois, j’ai donc été au Quai d’Orsay, au Grand Palais, au Louvre, au musée d’art moderne… Je m’ouvre à autre chose, quoi ! (rires)

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