Abonnés

6 Nations féminin - France - Angleterre : les raisons d’un échec récurrent

  • Une fois de plus, les Tricolores ont perdu contre les Red Roses qui s’appuient sur un championnat plus compétitif et des conditions semi-professionnelles pour performer.
    Une fois de plus, les Tricolores ont perdu contre les Red Roses qui s’appuient sur un championnat plus compétitif et des conditions semi-professionnelles pour performer. Icon Sport - Icon Sport
Publié le
Partager :

Défaites pour la treizième fois consécutives par les Anglaises, les Bleues semblent se heurter à un plafond de verre face aux Red Roses. Mais pourquoi ces dernières sont-elles si dominantes ? Et, inversement, pourquoi nos bleues ne parviennent pas à combler leur retard ?

Samedi dernier, dans les entrailles du stade Chaban-Delmas, la cosélectionneuse tricolore Gaëlle Mignot en appelait de ce vœu : "On ne va pas juger notre Tournoi uniquement sur ce match. L’aventure prend forme. Le résultat est impactant. Il faut s’en servir. Nos joueuses sont résilientes. On ne va rien lâcher, on va revenir, on a grandi. Il faut prendre le temps. On est convaincu qu’on peut combler notre retard dans 18 mois." Et l’on veut bien le croire. Mais aussi têtus que nous, Gaulois, savons l’être, il va tout de même falloir commencer à se poser les bonnes questions, non ? Cela fait treize fois de suite que nos Bleues perdent contre les Anglaises. On ne doute pas un instant de la qualité de ce groupe, de sa détermination, ni du travail et de l’engagement sans faille du staff. Les Bleues ont déjà montré par le passé qu’elles étaient en mesure de vaincre les meilleures, en l’occurrence les championnes du monde en titre, les Black Ferns qu’elles ont vaincu d’un souffle lors du dernier WXV qui se jouait (qui plus est), au pays au long nuage blanc. Seulement, il faut aussi se rendre à l’évidence : les Anglaises ont deux trains d’avance, et n’ont jamais à forcer vraiment leur talent pour s’imposer face à nos Tricolores. Alors, c’est quoi le problème ?

Une élite anglaise resserrée et compétitive

Disons plutôt "les" problèmes, car cette domination est multifactorielle. Le premier, c’est qu’il faut reconnaître que les Anglaises s’appuient sur un championnat fort. Composé de seulement neuf équipes – quand notre élite 1 se perd depuis des années à trouver la bonne formule (li ci-dessous) – le niveau y est relativement homogène : à l’exception de Leicester et de Sale qui paraissent dépassées (8 et 3 points au classement après treize journées) et Gloucester-Hartpury qui survole le championnat (elle est toujours invaincue), les six autres équipes comptent entre 50 et 23 points chacune.

Interrogé sur le sujet en conférence de presse, la capitaine Marlie Packer admettait que son championnat permettait aux Red Roses de performer : "Le Premiership Women Rugby s’est tellement développé ces dernières années… Il nous permet d’être challengées toutes les semaines, et derrière, ce sont les Red Roses qui en profitent. La preuve en est que "Mitch" (le sélectionneur John Mitchell, N.D.L.R.) attrape des maux de tête chaque semaine pour composer le XV de départ. C’est la preuve que ce groupe a de la profondeur, laquelle est rendue possible grâce à la compétitivité de notre championnat. À chaque position, on trouve trois joueuses de niveau équivalent, ou qui sont au moins toutes parées à commencer une rencontre internationale." En face, on a l’impression que le rugby français se replie dans une forme de déni. Un exemple ? Après ce treizième Crunch perdu, un confrère anglais posa la question de la faible compétitivité de l’Elite 1 : "Aujourd’hui, le bilan n’est pas à savoir ce qui se passe ailleurs. Les filles travaillent très bien dans les clubs, les filles sont arrivées prêtes physiquement. On grandit de jour en jour, et le travail est fait au quotidien dans les clubs. Le match ne s’est pas joué sur cela", balayait la cosélectionneuse Gaëlle Mignot. Les joueuses travaillent, c’est sûr. Les staffs aussi, mais pas dans les mêmes conditions que leurs homologues anglais (lire ci-dessous). Résultat, nos Bleues se heurtent à un plafond de verre à chaque fois qu’elles croisent les Red Roses.

Des bleuettes pourtant souveraines…

Le plus surprenant, c’est que l’on peut vous assurer que la formation française est mille fois meilleure que son homologue anglaise. La preuve en est que sur les quinze dernières rencontres opposant nos Bleuettes aux moins de 20 ans anglaises, nos jeunes Tricolores ont gagné… douze fois ! Pour seulement deux défaites et un nul. Le 22 avril dernier, nos Bleuettes les ont encore atomisés 74-0 à Rouen, avec notamment un triplé de Kelly Arbey, vue en début de Tournoi avec le XV de France Féminin. Une ultradomination qui se dissipe pourtant à la catégorie supérieure, et qui interroge : "Comme tout le monde, cela me surprend, reconnaît l’ex-troisième ligne Marjorie Mayans, 53 sélections au compteur. Mais je le vois de deux manières : déjà peut-être que la formation anglaise n’est pas aussi performante que la filière française, ce qui ne m’étonnerait pas au vu des moyens conséquents que la FFR alloue pour financer des stages de haut niveau, avec des éducateurs de qualité. Et ensuite, peut-être que les moins de 20 ans anglaises ne deviennent pas directement titulaires dans leurs clubs après être passées en séniors, contrairement à ce que l’on voit souvent en France. Je pense que les jeunes Anglaises passent plus de temps à se développer au sein des clubs, et qu’elles explosent plus tard. Là encore, cela peut s’expliquer par le fait que le championnat anglais est plus compétitif et plus formateur au haut niveau." Espérons donc qu’avec cette nouvelle génération dorée et le retour de la poule unique à dix équipes, nos Bleues trouveront le moyen de vaincre leur bête noire anglaise, l’année prochaine, quand celle-ci recevra la prochaine Coupe du monde…

Vous êtes hors-jeu !

Cet article est réservé aux abonnés.

Profitez de notre offre pour lire la suite.

Abonnement SANS ENGAGEMENT à partir de

0,99€ le premier mois

Je m'abonne
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?