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Pro D2 – Benjamin Gufflet (Dax) : "À son niveau, l’US Dax est redevenue bankable"

  • Benjamin Gufflet est président du directoire de Dax depuis l’été 2023.
    Benjamin Gufflet est président du directoire de Dax depuis l’été 2023. Icon Sport - Anthony Dibon
Publié le Mis à jour
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Alors que Dax est en lice pour une place dans le top six, Benjamin Gufflet balaye l’actualité de son club, évoque la course à la qualification, dévoile l’avenir du staff et présente les grandes lignes des projets qui devraient occuper la sous-préfecture des Landes dans les mois à venir…

Quel est votre ressenti après ce succès à Mont-de-Marsan ?
Il y a énormément de fierté et de bonheur. Les joueurs et le staff sont fantastiques. Nos supporters, en grand nombre, ont été aussi décisifs. L’USD n’avait pas gagné depuis 18 ans à Mont-de-Marsan. C’est historique ! Bravo aux deux équipes pour ce derby palpitant. Nous sommes champions du comité Côte basque Landes en Pro D2, avec quatre victoires en quatre matchs. Pour un promu c’est fabuleux.

Avec cette victoire, vous faites un grand pas vers la qualification…
Oui on a pris une belle option pour les phases finales avec cette victoire ce soir. Il va falloir maintenant bien se reposer avec cette semaine de repos qui arrive, puis se projeter sur la réception d’Agen qui se jouera à guichets fermés vu les demandes que nous avons déjà. Ensuite, il faudra aller défier Nevers dans un match qui pourra, pourquoi pas, ouvrir sur un barrage à domicile. Je l’espère pour ce groupe incroyable et pour tout le peuple dacquois.

Vous aviez piqué le staff et les joueurs en début de saison, en remettant en cause leur niveau. Ce serait une belle réponse de les voir décrocher une qualification…
Encore une fois, l’idée, ce n’était pas de les piquer, j’avais parlé de remobilisation générale à l’époque. On avait pris 80 points en deux matchs. La rencontre à Rouen, un concurrent direct pour le maintien, avait été très compliquée. Derrière, on recevait un ogre de la division, Grenoble. Le calendrier n’était pas simple. On a tous eu une forte inquiétude. Les joueurs et le staff ont répondu présent à cette remobilisation. Bravo à eux. C’est intéressant de savoir se remettre en cause. Je l’ai fait, personnellement. Tout au long de la saison, ils ont démontré qu’ils avaient largement le niveau de Pro D2. Le reste de la saison leur appartient. Il y a beaucoup de qualités sportives et humaines dans ce groupe. Le mariage s’est extrêmement bien fait entre ceux qui étaient là l’an passé et les recrues. J’avais beaucoup travaillé sur le recrutement, avec des joueurs que je connaissais bien. Je savais qu’ils avaient cet état d’esprit, auquel nous sommes très attentifs. Nous voulons des joueurs avec “l’esprit club”, qui sont compatibles avec le projet US Dax mis en place. Désormais, ils doivent prendre un maximum de plaisir. En tout cas, ils en donnent beaucoup aux supporters. J’ai beaucoup de fierté par rapport à ce qu’ils font, je tire un grand coup de chapeau aux joueurs et au staff pour cette magnifique aventure.

Rêvez-vous de phase finale ?
Ce n’est que du bonus. Il ne faut pas se mettre de pression. À part en début de saison, on ne se l’est jamais vraiment mise. C’est ce qui nous a permis d’être désinhibés sur des matchs à enjeux. L’équipe est joueuse, je pense qu’il faut aborder les dernières rencontres avec de la sérénité, du plaisir.

Le staff, dans son intégralité, est reconduit

Auriez-vous des regrets, si vous n’arrivez pas à décrocher une qualification ?
Si on ne se qualifie pas, ce serait légitime d’en avoir, car ce sont des professionnels, des compétiteurs, des sportifs. Il ne faut plus se cacher, on a beaucoup parlé du maintien et là, il reste deux matchs pour essayer d’aller le plus loin possible. J’ai confiance dans les joueurs et le staff pour y arriver. Après, la saison est extraordinaire. On peut bâtir sur des bases hyper saines pour la saison prochaine.

Vous parlez de la saison prochaine. Où en êtes-vous du recrutement ?
Le staff, dans son intégralité, est reconduit, avec des prolongations de deux ans. C’est acté. Il n’y aura aucun changement, on s’inscrit dans la durée et tant mieux. Sur le sportif, on a annoncé les joueurs en fin de contrat qui ne seront pas reconduits. On est dans un recrutement essentiellement JIFF. On discute sur trois ou quatre profils… Ce sera un recrutement léger, on a voulu être dans la continuité à la fois au niveau du staff et de l’effectif.

Il y a eu des tensions entre le staff et la direction pendant la saison. Pourquoi avoir finalement décidé de prolonger tout le monde ?
Non, il n’y avait pas de tensions. Il y avait, parfois, des divergences de vision sur le projet du club. C’est normal, une nouvelle gouvernance est arrivée, avec une envie d’accélérer la professionnalisation du club. Il y a eu un temps d’adaptation, où chacun a appris à se connaître. Là, maintenant, on travaille main dans la main depuis plusieurs mois. On a accédé à toutes les demandes de Jeff Dubois sur la prolongation de son staff. C’est une bonne nouvelle pour la continuité du projet. C’était nécessaire de sécuriser des entraîneurs qui ont joué le jeu cette année, qui ont rejoint le projet et de les remercier en les prolongeant sur une durée de deux ans. Ça fera un cycle assez important pour se projeter. On ne change pas une équipe qui gagne.

Jeff Dubois était sous contrat jusqu’en 2027. En prolongeant ses adjoints, vous gardez une ossature qui semble marcher…
Nous avons toujours voulu accompagner le staff du mieux possible. Comme dans tous les clubs, le staff a des envies pour aller plus vite dans la construction du club. Cette année, on avait un chantier hyper important, on voulait développer les infrastructures du club. Elles étaient très vieillissantes et ne permettaient pas de recevoir le public et les partenaires dans de bonnes conditions. On a travaillé fort sur le développement, on n’a pas délaissé le sportif, loin de là. On a fait des efforts sur des joueurs qui sont, aujourd’hui, très importants, comme Lemalu, Leatigaga, Singer, Lolohea… Ce sont des dossiers sur lesquels j’ai beaucoup œuvré. L’an prochain, on travaillera sur une réflexion par rapport aux conditions d’entraînements. La mairie va nous délivrer des vestiaires neufs pour la saison prochaine. On les remercie. C’est bien, ça va permettre d’accélérer le projet et de faciliter le travail des joueurs, du staff et de rendre le club de plus en plus attractif. Quand ils viennent, les joueurs sont hyper regardants sur les structures d’entraînement.

La joie des Dacquois après leur succès à Mont-de-Marsan.
La joie des Dacquois après leur succès à Mont-de-Marsan. Icon Sport - Anthony Dibon

En janvier, nos confrères de Sud Ouest annonçaient que la direction songeait à délocaliser des entraînements à Capbreton. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet ?
Il y a, à Capbreton, un très beau centre d’entraînement. L’idée, c’est de voir comment on peut y aller de temps en temps. Évidemment, l’équipe continuera de s’entraîner à Maurice-Boyau, mais elle pourra profiter de ces infrastructures ultra-modernes. C’est une réflexion en cours. Ce serait de façon sporadique. Il n’y a rien de validé pour l’instant.

Où en êtes-vous de l’augmentation de capital ?
Elle a été votée en assemblée générale le 29 juin dernier, pour un million d’euros. On avance bien sur la question. L’idée, c’est de pérenniser le club financièrement et de progresser le mieux possible sur le budget, tout en restant dans une gestion en bon père de famille, qui est la nôtre. Plusieurs investisseurs se sont manifestés, on discute avec eux. Il y a un intérêt très soutenu sur ce projet, des actionnaires historiques sont partants pour continuer à aider le club et je m’inscris aussi dans ce schéma-là.

Pouvez-vous faire des annonces ?
Non, pas encore. Des discussions sont en cours. Il reste deux mois pour finaliser ça. On pourra annoncer des choses sur la fin de saison. C’est très positif.

Quels moyens financiers l’USD aura-t-elle la saison prochaine ?
On est sur une progression sensible du budget. Il avoisinera 6,5 ou 7 millions d’euros. On verra en fonction des discussions avec les investisseurs. On veut continuer la politique de formation, qui est notre ADN. On sent un soutien des partenaires et des institutions, qui est très appréciable. On annoncera tout ça en juin, au moment de l’assemblée générale.

Dax n’aura pas, l’an prochain, la prime de montée. Comment y remédier ?
On a plusieurs leviers, il y a une progression du partenariat, l’augmentation de capital. Il y a un effet ciseau, avec des charges qu’on a eues cette année au niveau du développement des infrastructures, comme les nouveaux espaces pour le réceptif. Elles seront moins importantes la saison prochaine.

La deuxième hypothèse, c’est de recréer une tribune et de l’avancer

Combien comptez-vous investir, personnellement, à l’US Dax ?
Je continue mon investissement dans le club sans communiquer de chiffres, car ça doit rester confidentiel. Aujourd’hui, je ne suis pas la seule puissance économique du club, d’autres le font aussi, j’en suis ravi. Il y a des discussions en cours avec des historiques ou de nouveaux entrants. Il est hyper important que l’avenir financier d’un club ne repose pas sur une seule personne. Ce n’est pas le cas à Dax. On a un partenaire historique, Philippe Jacquemain avec le Grand Mail, qui est notre sponsor majeur. Je l’en remercie, il est dans la continuité. D’autres historiques continuent d’aider le club, on travaille là-dessus. Je suis, aujourd’hui, cette locomotive et le fait d’investir entraîne d’autres envies. À son niveau, l’US Dax est redevenue bankable, avec ses résultats, la visibilité qu’elle a eue toute la saison. Tout est lié. Le sport, c’est un équilibre à trouver. Le stade est aussi un vrai sujet. On étudie comment rénover l’ancienne tribune. Ce sera un angle très important des prochaines années. Il y a de quoi faire à Dax. C’est hyper intéressant, et aujourd’hui on a retrouvé cet engouement. Il faut absolument surfer sur cet engouement, maintenant. Beaucoup de clubs l’ont fait en décalage. Je pense que c’est quand tu es en haut qu’il faut préparer demain. C’est ce qu’on s’attelle à faire.

On évoquera le stade un peu plus tard. Par rapport aux finances, un sujet fait parler dans l’entourage du club, à savoir, le fait que vous vous rémunériez sur les nouveaux partenaires que vous signez…
Avec Stratton Oakmont (le fonds d’investissement dont il est propriétaire, NDLR), on ne prend aucune commission sur les partenaires existants. On ne prend des commissions que sur les nouveaux, avec un taux de régie classique et normalisé. Je trouve ça très sain comme fonctionnement. Il n’y a pas que chez nous que ça se passe comme ça. C’est du gagnant-gagnant. Je suis un président bénévole, qui passe beaucoup d’heures sur le club et avec grand plaisir. C’est excitant, c’est mon rôle. Il n’y a pas de sujet par rapport à ça. C’est cadré, transparent. On a mis des process bien huilés au club, on a apporté un savoir-faire dans la professionnalisation du club. On est des gens du sport-business. Adrien Asteggiano (le directeur général de Dax, NDLR) fait un excellent travail là-dessus au quotidien. Il est formé pour ça.

Vous dites être un président bénévole, mais les commissions perçues sur les nouveaux partenaires vous servent-elles à vous rémunérer ?
Non, elles vont dans la société que j’ai, où il y a des salariés. Aujourd’hui, l’US Dax n’est pas un projet rémunérateur. C’est un projet passion, j’avais envie de revenir dans le rugby, j’ai eu cette chance de pouvoir le faire. Ça fonctionne bien et tant mieux. J’ai, heureusement, d’autres activités à côté. Je suis très attaché au fait de rester un président bénévole, ça me va très bien. Ça a toujours été ma vision des choses.

Dax s’est imposé dans le derby des Landes.
Dax s’est imposé dans le derby des Landes. Icon Sport - Anthony Dibon

Comment le stade Maurice-Boyau pourrait-il évoluer, demain ?
On travaille sur plusieurs hypothèses. L’une d’elles est de conserver la tribune (présidentielle, NDLR) en la rénovant. C’est l’hypothèse la moins chère. La deuxième hypothèse, c’est de recréer une tribune et de l’avancer, car aujourd’hui, avec la piste d’athlétisme, nous sommes loin du jeu. Ce n’est pas du tout optimal. Je suis plus sensible à la seconde hypothèse. Dans celle-ci, on mettrait des infrastructures sous la tribune, tout en créant des loges. On sait que ça coûte cher, que c’est un projet ambitieux, mais il est nécessaire pour le développement du club. On ne peut pas stagner, il faut continuer à se développer. Cette année, c’était une première pierre. J’ai prévu de rencontrer le maire sur la fin de saison. Il faut réfléchir avec les instances du club. Ce seront des sujets de discussion. Pour l’instant, on est sur l’étude. J’aimerais présenter ce projet en assemblée générale dans quelques semaines.

Quelles seraient les perspectives pour ce projet et son financement ?
On l’étudie. C’est pour ça que plusieurs hypothèses sont envisagées. Une fois qu’il y en a une qui sera retenue, on avancera sur les financements possibles. C’est un projet ambitieux, mais que l’on doit pousser. J’espère qu’on sera aidé du mieux possible pour le réaliser. Le stade doit s’équiper. Tous les clubs ont des projets, Valence Romans en a un gigantesque. Ça passera par là. Pas d’infrastructure moderne, pas de modèle économique. C’est la base de tout. Cette tribune, c’est la prochaine étape.

Vous n’avez aucune date en vue ?
Le plus tôt possible, mais on n’a pas plus que ça de contrainte. Ça va passer par des discussions avec le maire, ses équipes, les actionnaires du club. Je suis très attaché aux échanges, à la transparence des choses. Il ne faut pas se mettre de stress, mais étudier. Quand on est arrivé avec Adrien, on a toujours dit qu’on voulait travailler sur un modèle économique stable et équilibré, dans l’intérêt du club, pour que ça continue à fonctionner, évoluer. Pour faire un parallèle, Mont-de-Marsan a fait ce travail-là. Il faut qu’on accélère là-dessus.

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