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"Raynal, dernier des lingots" : l'édito du vendredi après l'annonce de la retraite de l'arbitre international Mathieu Raynal

Par Léo Faure
  • Mathieu Raynal à la Coupe du monde 2023 en France.
    Mathieu Raynal à la Coupe du monde 2023 en France. Icon Sport - Sandra Ruhaut
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L’année 2019, c’était hier. Il y a moins de cinq ans quand World Rugby, en amont de la Coupe du monde au Japon, avait communiqué la liste des douze arbitres qui auraient l’honneur, le privilège et surtout la consécration méritocratique d’officier au centre des terrains, de Sapporo à Osaka, de Kyoto à Tokyo. Douze identités dont quatre françaises : Romain Poite, Mathieu Raynal, Pascal Gaüzère et Jérôme Garcès.

Le dernier aurait même le suprême honneur de diriger la finale entre l’Angleterre et l’Afrique du Sud. Et si la France du rugby sortait alors lentement de ses années noires, sa frange arbitrale vivait pleinement son âge d’or hégémonique.

Le problème, avec un âge d’or, c’est qu’il est souvent suivi d’un âge de plomb. Et l’arbitrage français n’a pas échappé à l’augure. Sur les quatre précités, trois ont ensuite annoncé leur retraite des affaires internationales, puis nationales. D’autres, promis à leur succession (Ruiz, Cardona, Chalon) ont cédé aux sirènes des clubs professionnels, délaissant leur sifflet pour la casquette d’entraîneur. Et c’est bien un vide générationnel qui s’est alors ouvert sous les pieds de l’arbitrage français. Sans plus aucun représentant parmi l’élite de notre monde ovale.

Il restait donc Mathieu Raynal. Lequel a, cette semaine, annoncé à son tour sa retraite proche, confiant d’abord sur Rugbyrama une forme d’usure un peu physique, surtout psychologique face à l’exigence d’une profession qu’il a pourtant « tant aimée ». Face aux critiques, aussi, toujours plus nombreuses, pas forcément plus fondées.

A lire aussi : Arbitrage. Mathieu Raynal annonce sa retraite : "La critique aura été un compagnon de route"

On le suit et on approuve, quand il pointe du doigt les échecs toujours pardonnés aux joueurs, souvent aux entraîneurs, jamais aux arbitres. Une décision arbitrale dans les ultimes minutes peut faire basculer le sort d’un match ? Une pénalité ou une dernière passe tout autant. L’une, pourtant, ne semble pas plus simple à réaliser que l’autre. Sans qu’on y attribue le même poids, la même défiance en cas d’échec.

On le suit encore, quand il dit que l’arbitrage français doit balayer devant sa porte et faire son introspection, son autocritique pour repartir du bon sifflet. Parce qu’il doit s’ouvrir à son monde et sortir d’une posture inaccessible pour devenir aux yeux du grand public l’acteur qu’il est déjà, dans la réalité du terrain. Parce qu’il ne fait pas tout bien, non plus. Et, au niveau d’exigence que connaissent les « référés » désormais jusqu’en ProD2, on se demande comment le modèle 100 % professionnel n’est pas encore la règle.

Une histoire de responsabilité collective

L’enjeu dépasse la performance sportive : l’arbitre est au cœur du jeu, un des garants de son esprit et de ses vertus.
Ces chantiers, multiples, structurels et essentiels, Mathieu Raynal devrait justement s’y atteler. Comme annoncé dans ces colonnes dès le 11 mars, il pourrait bientôt prendre la tête d’une « cellule de haute performance » (sous l’égide de quelle institution) aux côtés de Romain Poite.

D’ici à ce que son travail porte ses fruits, il restera la critique à gérer. Celle qui déborde de trop et jusqu’à la menace personnelle, familiale. Wayne Barnes, le plus capé des arbitres dans toute l’histoire du rugby et certainement le plus flegmatique, l’a aussi connue. Jusqu’à songer à en raccrocher son sifflet.

À ce sujet, c’est une histoire de responsabilité collective. S’il n’y a aucune raison pour que l’objet arbitral échappe à l’analyse, celle-ci devrait toujours rester cordiale et constructive. Un défi d’intelligence qui se pose à tous, et qui demanderait à chacun de mettre de côté son éventuelle déception envers son équipe de cœur, pour emprunter le chemin d’un questionnement nettement plus objectif et apaisé. Chiche ?

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