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Nationale/Nationale 2 – "À ce jour, aucune réforme n’est prévue"

Par Romain LAFON
  • Les championnats de rugby amateurs traversent aujourd'hui une crise générale.
    Les championnats de rugby amateurs traversent aujourd'hui une crise générale. DDM - DDM SEBASTIEN LAPEYRERE
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Xabi Etcheverry, vice-président de la Fédération délégué aux compétitions, est revenu sur les problèmes que rencontre le rugby français à tous les niveaux. S'il confie qu’aucune réforme des championnats de Nationale et de Nationale 2 n’est aujourd’hui prévue, il avoue que la situation reste préoccupante.

Cette saison a été marquée par de nombreux forfaits généraux, notamment en séries territoriales. Cela est-il dû à la réforme des compétitions ?

Il y a des forfaits généraux aussi bien en bas qu’en haut de la pyramide. Ce sont toujours des mauvaises nouvelles. Il faut réfléchir au pourquoi du comment et trouver les solutions pour faire en sorte qu’il n’y en ait plus ou le moins possible à l’avenir. L’hétérogénéité des niveaux dans certaines divisions, notamment en séries territoriales, due aux nouveaux formats de compétition, est certainement une explication.

Quelles peuvent être ces solutions ?

Nous allons transformer les challenges de France en championnats de France pour la saison à venir. Par exemple, en Régionale 1, il y aura le championnat de France classique et le championnat de France Promotion Régionale 1. Idem en Régionales 2 et 3. Les trois titres de challenge de France sont donc transformés en titres de champions de France.

Pourquoi ?

Cela répond à un double objectif. Le premier est la volonté assumée de la nouvelle gouvernance de remettre davantage de titres de champions de France. Le deuxième est la conséquence de la mise en place, avec Laurent Estampe, élu au comité directeur avec qui je travaille en binôme sur toutes les compétitions, d’une réunion mensuelle avec tous les présidents de commissions des épreuves de chaque Ligue. Au fil de ces rendez-vous, l’idée de rajouter un niveau dans certaines Ligues est ressortie pour réduire l’hétérogénéité au sein des séries territoriales. Seulement, elles ne souhaitent pas le rajouter au même stade de la pyramide. Le fait de transformer les challenges en championnats de France permet à chaque Ligue de s’adapter en fonction de son souhait, d’avoir une certaine souplesse et une adaptabilité car chacune d’entre elles a ses propres problématiques et donc ses volontés.

Avez-vous un exemple ?

Si la Ligue Aura (Auvergne-Rhône-Alpes) veut rajouter un niveau sur le bas de la pyramide, elle fera une phase qualificative Régionale 3 et une autre Promotion Régionale 3. Elle le pourra car cela amènera vers un titre de champion de France. Pour les Ligues qui veulent un statu quo, il n’y a pas de problème. Elles feront le même format que cette saison à la différence que les équipes qualifiées en challenge de France disputeront un championnat de France Promotion Régionale 3 et retrouveront ainsi les clubs de la Ligue Aura qualifiés via leur championnat de Promotion Régionale 3.

Y aura-t-il d’autres titres de champions de France ?

Pour les jeunes, il y aura deux titres de champions de France supplémentaires : un pour les juniors territoriaux et un pour les cadets territoriaux. Ces derniers représentent quand même 60 % des effectifs jeunes et n’avaient "que" des titres régionaux à se disputer. La saison prochaine, chaque Ligue aura un certain nombre d’équipes qualifiées sur le même principe que pour les seniors territoriaux et cela aboutira sur une phase finale de championnat de France.

La saison régulière va se terminer une nouvelle fois avec des matchs non joués et on peut regretter le faible nombre de dates de repli. Partagez-vous ce constat ?

L’élaboration des calendriers n’est pas chose aisée. Ceux de la saison en cours ont été réalisés par l’ancienne équipe à la tête de la Fédération. Effectivement, il y avait peu de dates de repli voire aucune dans certaines compétitions comme la Nationale 2. Nous avons commencé à travailler avec les équipes du service "Compétitions" sur l’élaboration des calendriers de la saison à venir. L’objectif que j’ai donné aux équipes est d’avoir, a minima, deux dates de repli sur chaque calendrier. C’est très important que tous les matchs se jouent. Quand ils ne sont pas disputés, nous sommes obligés d’appliquer un système de péréquation.

Celui-ci a d’ailleurs évolué cette saison en optant désormais sur le partage des points. Ce qui a pu créer quelques dérives.

Clairement, le système actuel a pu entraîner quelques dérives avec de mauvaises intentions. Il y a différentes méthodes de calcul mais pas de système parfait. La situation idéale étant que tous les matchs se jouent. Cette année, le système de péréquation, prévu en fin de saison dernière par les règlements généraux, est le match nul avec deux points pour chaque équipe. Notre objectif est de le changer pour l’exercice 2024-2025 et de revenir sur le précédent système avec un calcul en fin de saison. Ce n’est pas l’idéal non plus car nous voudrions que les matchs soient joués, mais cela nous semble plus représentatif de la saison sportive des équipes.

Toutes les équipes qualifiées sportivement pourront-elles disputer les phases finales ou les difficultés financières de certains clubs pourraient les en priver ?

Des commissions indépendantes statuent sur les données financières transmises par les clubs et prennent des décisions qui sont susceptibles d’être contestées sous forme d’appel par les clubs. Il faut laisser le temps de l’instruction à ces commissions et aux clubs. Quand les décisions sont fermes et définitives, on se doit de les respecter. Le panel de ces décisions est assez large : cela va de la rétrogradation à l’interdiction de participer aux phases finales en passant par la possibilité de disputer celles-ci mais avec l’interdiction d’accession, entre autres. Nous n’avons pas, en tant qu’élus ou services de la Fédération, à interférer sur ces décisions. Nous devons faire avec, une fois qu’elles sont actées.

Comment éviter tous ces problèmes financiers au sein des clubs ?

C’est une question vaste et pas simple. Premièrement, la Fédération, par l’intermédiaire de ses élus et de ses équipes salariées, ainsi que les commissions indépendantes évoquées précédemment accompagnent les clubs. Deuxièmement, il faut envoyer un message aux clubs sur le fait de faire attention à ne pas aller vers des dérives financières et budgétaires. Il en va de l’équité même de la compétition mais aussi de l’équilibre des clubs. Certains d’entre eux doivent aussi revenir à plus de raison. Ils doivent faire attention à respecter les règles en place. Tous ceux qui, malheureusement, ne suivent pas ou ne sont pas en mesure de suivre les plans qui leur sont adressés et ne respectent pas ainsi les règlements s’exposent à des décisions disciplinaires. Ce qui est normal car il n’y a pas de raison que les clubs vertueux soient pénalisés par rapport à ceux qui ne le sont pas ou moins.

Une refonte du format de la Nationale et de la Nationale 2 peut-elle voir le jour prochainement ?

Pour la saison à venir, les championnats continueront tels qu’ils sont. À ce jour, aucune réforme n’est prévue. Mais il est évident que les différents cas dans ces divisions interpellent. Ce serait irresponsable de ne pas se questionner. Nous devons avoir une réflexion de fond sur le sujet mais l’erreur serait de se précipiter. C’est peut-être ce qui a été fait par le passé et ce ne serait pas une bonne chose de le refaire.

Où en est la volonté de la Fédération d’avoir des équipes de jeunes avec des "noms propres" ?

L’évolution des effectifs dans les catégories jeunes est un vrai sujet. On peut remarquer qu’il y a eu une chute de licenciés assez importante entre les saisons 2015-2016 et 2020-2021 dans les catégories "moins 14 ans", "moins de 16 ans" et dans une moindre mesure "moins de 19 ans". Depuis la saison 2021-2022, nous observons toutefois un rebond sans pour autant atteindre les chiffres de 2015-2016. L’une des explications de ce rebond est le travail des conseillers techniques de club (CTC) sur le terrain avec, entre autres, la formation des éducateurs. C’est aussi le travail qu’ils font sur la gestion de ces rassemblements qui ont connu une explosion avant même la crise liée à la covid. Depuis ce travail des CTC en lien avec les clubs, le nombre de rassemblements diminue un peu pendant que les effectifs grossissent. C’est une première piste mais cette problématique est multifactorielle.

De quoi être confiant pour l’avenir ?

On a entamé une réflexion globale sur l’ensemble des compétitions jeunes, sur la fidélisation des effectifs et sur l’attractivité du rugby au niveau de ces populations et de ces cibles-là. Nous faisons un vrai travail de diagnostic et d’analyse. La réflexion avec tous les services de compétitions, la DTN (direction technique nationale), les clubs, l’Apare (Association des présidents d’associations de rugby de l’élite) et l’Ucraf (Union des clubs de rugby amateurs français) va porter sur trois axes principaux de travail : l’attractivité des compétitions et des formes de jeu ; la communication en direction des jeunes, le sentiment d’appartenance et les relations interclubs ; et enfin l’encadrement. C’est un sujet majeur. Nous ne pouvons pas faire l’économie d’aborder une réflexion globale d’ensemble et il faut pour cela prendre du temps. C’est important afin d’essayer de trouver les solutions les plus efficaces et pérennes possibles.

Comment faire pour réduire les violences qui émaillent de plus en plus les rencontres ?

La solution miracle n’existe pas, sinon nous l’aurions déjà mise en place. C’est un sujet qui nous préoccupe car nous observons une recrudescence sur le terrain mais aussi autour voire en dehors, sans parler des violences sur les différents réseaux. La Fédération travaille sur ce sujet et notamment sur l’élaboration d’un plan anti-violence que l’on espère pouvoir terminer dans les semaines et mois à venir afin que celui-ci soit mis en place pour la saison prochaine. C’est un vrai objectif et, là aussi, un sujet majeur qui interpelle et sur lequel nous devons être proactifs.

En quoi consiste ce plan ?

Il n’est pas encore abouti. Nous sommes encore dans l’élaboration de celui-ci donc je ne peux pas encore vous le dire.

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