Abonnés

Top 14 - Entretien exclusif. Pierre Mignoni : "L’institution de Toulon s’était quelque peu perdue, à mes yeux"

  • Pierre Mignoni nous a accordé un entretien ce dimanche.
    Pierre Mignoni nous a accordé un entretien ce dimanche. Icon Sport - Anthony Dibon
Publié le Mis à jour
Partager :

C’est ce dimanche, au lendemain de la victoire des siens, que Pierre Mignoni a pris le temps de revenir sur la semaine particulière de son équipe, conclue en beauté par un succès référence face aux "frères ennemis" héraultais. L’occasion aussi pour Pierre Mignoni de revenir sur le début de saison des Varois, ses emportements de ces dernières semaines au sujet de "l’affaire du fumoir" et surtout ses attentes dans l’optique de la fin de saison.

Vous avez laissé l’exercice de la conférence de presse d’après-match à votre adjoint Andrea Masi, samedi après-midi. Y avait-il une raison particulière à cela ?

Non, il n’y avait pas de raison particulière à ça. Je parle déjà beaucoup dans les médias, je fais beaucoup de choses dans ce club. Alors, quand ça gagne comme face à Montpellier, c’est aussi bien que mes adjoints qui y aillent.

Pour cette réception du MHR, le contexte extra-sportif de la rencontre était très particulier autour de Mayol… Avez-vous évoqué, ou imaginé, l’impact qu’aurait pu avoir une défaite ?

Non, pas du tout. Ce contexte, il était particulier du fait d’une minorité de personnes, qui l’ont rendu particulier.Il ne faut pas faire d’amalgame. À Toulon, on reçoit aussi -et surtout- beaucoup de soutien de la part de personnes qui aiment profondément l’équipe et le club, même dans la difficulté. C’est juste une minorité qui veut… (il marque une pause). Je ne sais pas ce qu’elle veut, en fait. On va plutôt parler, dans ces moments, de ceux qui nous soutiennent.

On a beaucoup fantasmé au sujet de vos retrouvailles avec Bernard Laporte et Patrice Collazo. Comment se sont-elles déroulées sur le terrain, à la vérité ?

Avec Bernard, on s’est vus juste avant le match. On avait un peu échangé par messages aussi. Mais en réalité, un jour comme celui-là, on ne se croise qu’en coup de vent. Comme j’ai pu le lui dire, c’était normal que Bernard soit bien reçu à Mayol, on a passé ensemble ici des années exceptionnelles. Mais le contexte du match fait qu’au final, on ne se voit pas autant qu’on le voudrait.

Comment vous êtes-vous préparés à cette pression tout au long de la semaine ?

Pour moi, l’important dans ces moments, c’est que les joueurs entrent sur le terrain avec un sentiment de liberté plutôt qu’avec la peur au ventre. L’objectif de la préparation, c’était ça. On n’a rien fait de particulier pour autant, on s’est juste bien préparés en cherchant à ôter la pression négative pour que les joueurs parviennent à se lâcher, sortir de leur zone de confort, prendre des risques. C’est dans ces moments-là qu’il faut être comme ça. Sinon, on peut commencer à jouer petit bras, et tout simplement ne pas faire ce qu’il faut.

Avez-vous ressenti, dès la première séquence défensive des vôtres, que le RCT était dans un bon jour ?

Oui, tout à fait. Et pour aller plus loin, je savais même avant le match qu’on y était. Il y a des jours où on ne le sait pas, on ne le mesure pas, on ne le perçoit pas. Mais je commence un peu à connaître ce groupe et à leurs attitudes, à leurs discours, à leurs regards, je sentais que les joueurs allaient répondre présent. On peut toujours se tromper, bien sûr mais j’étais persuadé que même si le défi proposé par Montpellier serait dur, on était en mesure d’y répondre. Il suffit d’un, deux, trois plaquages positifs qui rassurent, pour générer une contagion positive. C’est toujours pareil, en fait.

Était-ce là le signe d’un état d’esprit retrouvé, ou d’un nouvel état d’esprit ?

C’est un état d’esprit retrouvé, parce que cette équipe est capable de l’avoir mais n’en a malheureusement pas toujours la consistance. Ce qu’on cherche, justement, c’est cette consistance dans l’état d’esprit, dans la philosophie de jeu, dans la solidarité et le supplément d’âme.

Hasard ou pas, vous aligniez face à Montpellier, pour la première fois de la saison peut-être, tous vos cadres en même temps. Qui se sont avérés performants…

Vous avez raison. Les années de Coupe du monde son toujours des années compliquées. Par expérience, je sais qu’il y a des joueurs qui reviennent au club gonflés à bloc, mais beaucoup d’autres pour qui c’est plus difficile de retrouver le quotidien. Comme pour Toulouse ou les autres, vous allez me dire… Mais pour nous, le retour de Coupe du monde a été franchement très dur. Ce ne sont pas des excuses, c’est un constat : certains sont rentrés fatigués, d’autres déçus, d’autres blessés, d’autres en fin de carrière internationale, qu’il leur fallait digérer… Et plus tu as de facteurs de la sorte qui se multiplient, plus c’est difficile de repartir. Notre championnat, vous le connaissez aussi bien que moi : il est très difficile, très énergivore, tu dois repartir sans avoir pratiquement eu le temps de respirer. Et on a eu des soucis étroitement liés à ça : après la Coupe du monde, beaucoup de joueurs n’étaient pas à leur niveau. Ajoutez à cela que nous avons eu quelques soucis « normaux » dans la compréhension par le groupe de ce qu’on voulait mettre en place, et cela a pris d’autant plus de temps…

D’autant que votre staff devait aussi prendre ses marques…

On sait où on veut aller, où on va et avec qui on va. Malgré tout, en tant que staff, tu dois aussi t’adapter en permanence, notamment à tes joueurs. Je l’ai dit à mes adjoints : à un moment donné, il faut réajuster certaines choses. On l’a fait mais après cela, il fallait aussi le temps que les choses prennent… La tâche n’est pas simple, qui plus est à Toulon où tout est exagéré parce qu’une minorité fait beaucoup de bruit.

Votre sortie médiatique d’il y a trois semaines restera qu’on le veuille ou non un des moments marquants de la saison. La regrettez-vous, assumez-vous, a-t-elle changé quelque chose ?

Pour être honnête, je l’assume totalement sur le fond, parce que je suis certain d’avoir raison. Je suis persuadé que notre sport n’a pas besoin d’aller dans ces dérives-là, qu’il s’agisse de la presse ou d’autres, car cela revient à scier la branche sur laquelle nous sommes tous assis. C’est mon avis. Après, sur la forme, ce n’est pas ce que je voulais faire. Ce que je voulais, c’était protéger mes joueurs et mon groupe. Je suis conscient que ma réaction a été exagérée.

Avez-vous conscience d’avoir donné ce jour-là l’impression de quelqu’un qui perdait les pédales ?

Oui parce qu’au final, on a davantage parlé de ma « dérive » que du contenu du fameux message.

Justement… Même si on n’est pas dupe de ce qui se passe dans tous les clubs et dans le quotidien de certains joueurs, l’existence d’un fumoir à proximité de votre centre d’entraînement paraît tout de même surréaliste dans un sport professionnel. Le fait de le "nettoyer" matérialisait-il le changement d’état d’esprit que vous appeliez pour terminer la saison ?

Sans vouloir revenir davantage sur cette histoire, cela matérialise surtout que l’institution RCT doit redevenir ce qu’elle doit être. Tant que je serai là, je ferai ce qu’il faut pour que ce soit le cas.

Quitte à laisser certains joueurs sur le côté ?

Je ne ferai aucune concession à qui que ce soit, sur quoi que ce soit. Aucune. Parce que Toulon, je le répète, est une institution qui s’était à mes yeux quelque peu perdue. Même si c’est déjà arrivé à d’autres clubs, on doit la retrouver.

Depuis quand ce fumoir existait-il, au juste, et comment en avez-vous appris l’existence ?

Il existait manifestement avant que je sois là, mais je n’ai pas envie d’en parler. Ce n’est pas important.

Pour revenir au changement d’état d’esprit de votre équipe, celui-ci ne sera vraiment confirmé qu’après un match référence à l’extérieur. Le prochain rendez-vous à Anoeta, face à Bayonne, s’annonce déterminant…

Ce qui sera déterminant, ce sont les sept matchs qui restent. Anoeta, c’est juste notre prochain rendez-vous. Ce dont a besoin notre groupe et qui est le plus important à mes yeux, c’est d’un travail précis, guidé dans une direction claire (c’est notre job), de consistance dans les efforts (ce qui est l’affaire de tous), et surtout d’humilité dans le travail. Si on parvient à mettre en œuvre tout cela, on sera en mesure de proposer des choses sur le terrain. Gagner ou perdre n’en sera que la conséquence.

Vous êtes hors-jeu !

Cet article est réservé aux abonnés.

Profitez de notre offre pour lire la suite.

Abonnement SANS ENGAGEMENT à partir de

0,99€ le premier mois

Je m'abonne
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?